« Les troubles mentaux sont encore stigmatisés » : la HAS (re)lance un programme sur la santé mentale et la psychiatrie

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Publié le 09/10/2024
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Lors d’une conférence de presse de rentrée, le Pr Lionel Collet, président de la Haute Autorité de santé (HAS), a annoncé le lancement d’un programme dédié à la santé mentale et à la psychiatrie, avec un focus sur l’amélioration du parcours de soins des patients souffrant de troubles mentaux.

Le Pr Lionel Collet, président de la Haute autorité de santé le 9 octobre lors d’un point presse

Le Pr Lionel Collet, président de la Haute autorité de santé le 9 octobre lors d’un point presse

La Haute Autorité de santé (HAS) place la santé mentale au cœur de ses priorités pour les cinq prochaines années. Lors d'une conférence de presse de rentrée organisée ce mercredi 9 octobre, le Pr Lionel Collet, président de la HAS, a réaffirmé cet engagement en soulignant l'importance du sujet, désormais grande cause nationale pour 2025.

« Nous nous réjouissons que le Premier ministre ait fait le choix de la santé mentale et de la psychiatrie comme grande cause nationale, a-t-il déclaré. Du côté de la HAS, cela fait déjà plusieurs mois que nous avons décidé d'investir davantage ce champ », a-t-il précisé, rappelant que la HAS s’est déjà positionnée sur ce sujet à travers deux programmes (dont le dernier courait sur 2018-2023). « Désormais, la France a besoin de recommandations spécifiques en matière de santé mentale », a-t-il ajouté.

Création d’un comité dédié à la santé mentale et la psychiatrie

La HAS dresse un constat alarmant : 8,5 millions de personnes en France sont directement concernées par des troubles mentaux chroniques. « Ces patients perdent en moyenne 15 ans d'espérance de vie. Cela peut être dû à la maladie elle-même, aux conséquences des traitements ou à des retards de diagnostic pour des maladies somatiques comme les cancers. Les troubles mentaux sont encore stigmatisés, tabous, et les patients ne bénéficient pas encore suffisamment, dans les délais, de prises en charge adéquates », a-t-il déploré. Pour preuve, un peu plus d’un établissement sur sept avec une activité psychiatrique ne répond pas aux critères de qualité exigés par la HAS.

Pour renforcer son action sur le sujet, l’autorité publique, en charge de la promotion des bonnes pratiques médicales, a donc décidé de créer un comité dédié à la santé mentale et à la psychiatrie. Présidé par Claire Compagnon, ancienne déléguée interministérielle à l'autisme, ce comité a déjà réuni la semaine dernière les parties prenantes concernées pour discuter d'une feuille de route ambitieuse qui s’étalera sur cinq ans (2024-2028).

Ce programme, commun à tous les services de la HAS, s’articulera autour de neuf priorités, parmi lesquelles la publication de recommandations spécifiques sur la schizophrénie, domaine encore délaissé en France. « Ni la HAS ni les sociétés savantes n’ont encore publié de recommandations sur cette pathologie », a-t-il regretté. Le programme prévoit également un travail sur la santé mentale des personnes âgées, la santé mentale et les addictions, ainsi que l’inclusion de la psychiatrie dans toutes les spécialités médicales. « Nous allons travailler sur le parcours de soins des patients et voir comment nous pouvons l’améliorer, la psychiatrie doit être dans toutes les spécialités », a-t-il insisté.

Des moyens supplémentaires attendus

La mise en œuvre de ce troisième plan pluriannuel sur la santé mentale et la psychiatrie dépendra toutefois de l’enveloppe allouée à la HAS. « Pour mener l’ensemble de nos missions [pas seulement celles liées au programme santé mentale et psychiatrie, NDLR], nous estimons avoir besoin de 13 équivalents temps plein supplémentaires, mais nous ne demandons que neuf postes, soit environ 700 000 euros », a précisé le docteur en médecine et en biologie humaine.

Face aux contraintes budgétaires actuelles, l’institution opte donc pour une approche pragmatique. « Nous n’aurons pas les moyens de tout faire en cinq ans, nous allons donc prioriser. Mais les moyens qui seront alloués conditionneront la vitesse à laquelle les réformes pourront être menées », prévient le Pr Collet.


Source : lequotidiendumedecin.fr