Les défenseurs de l'homéopathie remboursée ne désarment pas. Alors que la Haute autorité de santé (HAS) rendra son avis définitif le 28 juin sur le maintien ou non du remboursement des médicaments homéopathiques (avant arbitrage du gouvernement), le collectif MonHoméoMonchoix n'entend céder aucun pouce de terrain et défendre ses arguments jusqu'au bout.
Forte d'une pétition qui a récolté plus de 850 000 signatures, cette association pro-homéopathie composée d'organisations professionnelles, de sociétés savantes, d'associations de patients et des trois laboratoires concernés (Boiron, Lehning et Weleda) se veut le porte-voix des patients en colère depuis la fuite de l'avis provisoire de la HAS.
Chargée d'évaluer le bénéfice médical des granules, la commission de transparence (CT) de la HAS prône dans son projet d'avis le « déremboursement pour l'ensemble des produits homéopathiques » – dont certains sont aujourd'hui remboursés à 30 % par la Sécu. Agnès Buzyn a assuré de son côté au « Quotidien » qu'elle prendrait la décision de dérembourser les produits homéopathiques « s’il s’avère qu’ils ne sont pas efficaces » car « ce n’est pas à la solidarité nationale de payer pour des thérapies sans effets scientifiquement prouvés ».
Patients pénalisés
« Le déremboursement inquiète fortement les patients car cela va toucher à leur pouvoir d'achat et pénaliser les plus fragiles. Mais il y a aussi la crainte de sortir l'homéopathie du champ du système de santé. Pour nous, cela est insupportable », se désole Joël Siccardi, président de l'association Homéo Patients France (AHP), créée en 1998, qui réunit les utilisateurs d'homéopathie.
Le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), se montre alarmiste. « Notre préoccupation est l'avenir même de cette pratique thérapeutique. Un déremboursement créerait un effondrement de la formation, ou bien elle deviendrait marginale pour les médecins mais aussi pour les non-médecins. Là est notre grande crainte car nos patients courraient un grand risque ».
Biais
Déplorant le « biais scientifique » de la méthode d'évaluation de la HAS, le Dr Antoine Demonceaux, président de l'association SafeMed, ne cache pas son exaspération. « On parle de molécules ! Si un médicament n'a pas molécules, cela ne peut pas marcher. Si cela ne peut pas marcher, alors c'est inefficace... Mais on occulte les recherches physiques, biophysiques des médicaments homéopathiques qui ne sont certes pas des médicaments portant des molécules mais qui sont une réalité de médicaments. Les dés sont pipés à l'avance », déplore le généraliste. Désireux de mobiliser les patients, il n'exclut pas de manifester « devant les caisses d'assurance maladie s'il le faut ».
Présidente de la société savante d'homéopathie (SSH), le Dr Hélène Renoux soutient de son côté qu'il existe « des études contre placebo qui ont donné des résultats significatifs en faveur de l'homéopathie, y compris pour des pathologies qui sont de vrais enjeux de santé publique comme les affections ORL chez l'enfant ou les troubles du sommeil ».
Pas de 15 % non plus
« Nous avons des arguments à faire valoir pour une thérapeutique efficace, qui satisfait les patients. Nous demandons le maintien du remboursement au taux actuel », résume le Dr Bentz. Pour le collectif, la possibilité parfois évoquée par Bercy d'un taux à 15 % n'est pas davantage acceptable. « Vous savez bien que ce taux va disparaître », rétorque le Dr Bentz.
Ce collectif pro-homéopathie, soutenu par des élus dont Xavier Bertrand, se dit déterminé. Il publiera le 12 juin un livre blanc de l'homéopathie, le jour même où les trois laboratoires concernés seront auditionnés par la HAS, dans le cadre de la procédure contradictoire.
Concernant les plaintes ordinales « pour non-confraternité et non-respect du code de déontologie » déposées par le syndicat des homéopathes contre les 124 médecins signataires de la tribune contre les « fake médecines », six ont écopé d'un avertissement, et une relaxe a été prononcée. « Mais là aussi on a l'impression que l'Ordre a freiné en attendant la décision de la HAS », avance le Dr Bentz.
L'an dernier, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros sur environ 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon la CNAM. Boiron, leader mondial du secteur, affirme que le déremboursement menacerait 1 300 emplois sur ses 2 500 en France.
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