« La coercition pour les médecins est une mauvaise solution à un vrai problème ! ». Le syndicat MG France s'adresse ce lundi aux sénateurs dans une lettre ouverte visant à sensibiliser les parlementaires aux effets délétères d'un éventuel conventionnement sélectif. Les sénateurs, qui doivent examiner la loi de transformation du système de santé à partir de début juin, auront en effet certainement à se prononcer sur des amendements en faveur de la coercition à l'installation, comme ce fut le cas des députés lors de l'examen en première lecture à l'Assemblée nationale.
MG France met en avant la récente prise de position du Premier ministre Édouard Philippe en faveur de la liberté d'installation. « Dans tous les pays européens qui l’ont tenté, la voie coercitive a été un échec » avait-il affirmé. Un récent rapport de la Cour des comptes est également cité. Le document mettait en garde sur la nécessité d’avoir « des outils et études nécessaires pour objectiver les besoins territorialisés en santé » pour mettre en place un tel dispositif.
Effets à long terme
Si la méthode de la coercition venait à être privilégiée aujourd'hui, elle aurait « des effets très lents » sur le maillage territorial et serait « une erreur », prévient le syndicat du Dr Jacques Battistoni. La contrainte aurait même des conséquences néfastes. « Elle entraînerait une aggravation de la désaffection des médecins pour certaines spécialités particulièrement concernées comme la médecine générale », « inciterait au déconventionnement des professionnels aggravant ainsi les problèmes d’accès aux soins », « valoriserait les patientèles dans les territoires surdenses au détriment des territoires sous-denses » ou encore « renforcerait la fuite des médecins vers le salariat ».
Plutôt que la contrainte, MG France oppose « une stratégie globale, basée sur la revalorisation de la médecine générale et sur la mise en œuvre des moyens nécessaires à un exercice de qualité ». Cette stratégie, MG France la présentera en congrès à La Grande-Motte du 30 mai au 1er juin. L'occasion pour les membres du syndicat de se prononcer également sur la signature ou non de deux avenants conventionnels visant à renforcer l'accès aux soins, l'un sur les assistants médicaux, l'autre sur le financement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie