L’UFC-Que Choisir dénonce ce 28 janvier le modèle de financement du système de santé « à bout de souffle », mais aussi « complexe, opaque et coûteux ». L’association de défense des consommateurs estime que 4 % de la population, soit 2,6 millions de Français, n’est pas couverte par une complémentaire santé, ce qui « aggrave les fractures sociales », écrit-elle. Dans un sondage réalisé par ses soins, ces chiffres de taux de non-couverture sont encore plus conséquents chez les étudiants (11 %) et les personnes sans activité (17 %).
Argumentant qu’en 20 ans, « l’État s’est désengagé de manière alarmante, transférant les dépenses sur les ménages et les complémentaires santé privées », l’UFC-Que Choisir déplore « une explosion des coûts ». En 2025, comme l’avait indiqué la Mutualité française, les cotisations des complémentaires vont augmenter de 6 % en moyenne, contre 8,1 % en 2024.
Des frais de gestion jusqu’à 27 %
Selon l’association de défense des consommateurs, cette hausse cache toutefois de grandes disparités selon l’âge ou la composition du foyer, avec des pics allant jusqu’à 30 %. Entre 2018 et 2024, la hausse médiane des cotisations serait même montée de 40 %.
Les frais de gestion sont une nouvelle fois pointés du doigt, après avoir été jugés injustifiés par un rapport sénatorial, ceux-ci allant de 10 à 27 % selon les complémentaires. En moyenne, cela revient à des frais de l’ordre de 20 euros pour 100 euros de cotisations, tandis qu’ils oscillent autour de 4 euros pour l’Assurance-maladie.
L’UFC-Que Choisir appelle à une réforme pour garantir « un accès universel et équitable aux soins », qui prendrait la forme d’une Grande Sécu, un serpent de mer qui avait inspiré une politique-fiction au Quotidien. Le principe : prise en charge à 100 % des soins essentiels par l’Assurance-maladie « afin de sortir des logiques marchandes et protéger tous les citoyens » ; un système redistributif où l’accès aux soins est garanti « tout en réduisant les inégalités sociales » ; une gouvernance transparente et participative, en incluant les usagers, notamment « dans la définition des soins essentiels et les décisions stratégiques ».
Des gains de « plusieurs milliards » d’euros
Et les complémentaires santé dans tout cela ? La Grande Sécu « ne signifie pas la fin des mutuelles, mais un déplacement de leur rôle sur des soins supplémentaires, dont le recours ou le non-recours n’est pas de nature à accroître des inégalités de santé », précise l’UFC-Que Choisir. L’association cite notamment les « médecines douces, alternatives et soins qui sortent du panier de soins essentiels ».
Les usagers notent toutefois qu’un des défis sera celui du financement : « étendre l’assurance-maladie obligatoire nécessitera des ressources supplémentaires », lit-on. Or la réforme, si elle est menée à bout, pourrait être « économiquement neutre » voire source de gains de « plusieurs milliards » d’euros, « en déplaçant des contributions privées quasi obligatoires sur des contributions publiques obligatoires, et en évitant par là des frais de gestions inutiles ».
Concentrer le remboursement des soins « essentiels » sur l’Assurance-maladie aurait aussi le mérite de supprimer les tickets modérateurs, franchises et participations forfaitaires.
« L’État doit cesser de détourner le regard et prendre ses responsabilités. L’accès aux soins n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental », insiste la présidente de l’UFC-Que Choisir, Marie-Amandine Stévenin. Avant d’ajouter : « Laisser les plus vulnérables choisir entre se soigner et payer leurs factures, c’est indigne d’un pays comme le nôtre. »
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