« Nous voulons placer notre congrès, au vu des contextes politique et économique compliqués, dans l’invention des solutions solidaires de demain, pour l’avenir de notre système de santé et de protection sociale », a confié, en marge de cet événement organisé du 18 au 20 juin à Agen (Lot-et-Garonne), le président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) Éric Chenut.
Car ce 44e rendez-vous, qui se tient tous les trois ans, a une saveur particulière cette année, en attendant la présentation du plan gouvernemental de redressement des finances publiques qui sera annoncé à la mi-juillet. Le gouvernement a affiché sa volonté de rétablir l’équilibre financier de la Sécurité sociale d’ici à 2029 et doit déjà affronter les affres du déficit attendu pour 2025 à hauteur de 21,9 milliards, dont 16 milliards pour la seule branche maladie.
Des mesures d’économies massives sont redoutées dès le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, à l’automne, mais les arbitrages ne sont pas encore entérinés, ce qui encourage la Mutualité à pousser ses priorités. Prestations prévention « en nature », gains d’efficience, pluriannualité du financement à l’horizon de 10 ou 30 ans, lutte contre la fraude… « L’essentiel est de co-construire, à hauteur de réalité et de vie, tout en préservant la solidarité », souligne le président de la FNMF, qui attend près de 1 500 congressistes à Agen cette semaine.
Macron absent, Vautrin présente
Le président de la République Emmanuel Macron avait été pressenti, à l’instar du ministre de la Santé Yannick Neuder ; mais c’est finalement Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, qui s’exprimera devant la FNMF jeudi matin. Il s’agira d’un moment fort de ce congrès, durant lequel le principal motif d’inquiétude sera relayé par le secteur mutualiste, à savoir une nouvelle taxe sur les mutuelles pour un milliard d’euros supplémentaires, « profondément injuste » et « contre-productive », alerte Éric Chenut.
« J’espère que ce congrès sera aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur ce que souhaitent les différents membres du gouvernement… », a également ironisé le patron de la Mutualité, affirmant que « selon ses membres, nous observons des nuances ». Au début du mois, Yannick Neuder avait, devant les députés, soulevé l’idée d’une « discussion avec les mutuelles » pour éventuellement leur « confier le champ de la prévention, sujet que je trouve intéressant ». Une manière aussi d’écarter le serpent de mer de la « grande Sécu », appelé de ses vœux par la gauche.
Face à l’augmentation des tarifs des complémentaires santé ces dernières années (dont +8,1 % en 2024), la question des frais de gestion, dans le viseur des parlementaires, pourrait également être abordée. Éric Chenut rétorque que ces frais sont liés à la prévention et à l’accompagnement des assurés, créant de la proximité et de l’emploi en France. « Nous pourrions les baisser, mais cela aurait des conséquences », prévient-il.
Mieux collaborer avec la Cnam ?
Priorité du gouvernement, la lutte contre la fraude sociale, en est également une pour le président de la FNMF, qui appelle à « une base légale » pour resserrer la collaboration entre l’Assurance-maladie et les complémentaires, y compris dans le partage de données. Dans une communication au mois d’avril, la Mutualité avait estimé qu’en échangeant mieux les informations, il serait possible de stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale (un pour les complémentaires et 1,4 pour la Cnam).
Dernier enjeu du congrès et pas des moindres : la « dé-financiarisation » du secteur de la santé, qui gagne les soins primaires après les cliniques, la biologie ou la radiologie. Il s’agit là encore d’une priorité pour le président de la FNMF « afin que les cotisations n’aillent pas renflouer des fonds de pension étrangers », a-t-il déclaré.
Avant de résumer sa position : « Nous ne sommes pas fermés à interroger la répartition entre assurance-maladie obligatoire et complémentaire, mais ni la financiarisation, ni la “grande Sécu” nous semblent être des alternatives souhaitables ni possibles ! » Début de réponses cette semaine à Agen, lors du congrès mutualiste, où l’essayiste, ancien rapporteur général du conseil national de la refondation, David Djaïz, sera le grand témoin.
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