Dans son bureau froid, loin des lambris, surplombant le triste ininterrompu du périphérique de l’Est parisien, le distingué Nicolas Revel, nouveau directeur général de la Sécurité sociale et ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée, de toute évidence se sent à l’aise. Il porte cette heureuse curiosité des gens bien nés qui ne se forcent pas, ni ne se font violence. L’élégance sociale permet à celui qui en est doté de se sentir à sa place partout où il est.
Petit-fils d’une des plus importantes écrivaines du pays, Nathalie Sarraute, figure de proue du nouveau roman, fils de la journaliste Claude Sarraute et du philosophe et polémiste Jean-François Revel, frère de… Brillante famille dont l’éclectisme colore le panthéon intellectuel français. Évidemment, l’itinéraire très parisien de Nicolas Revel apparaît plus conformiste. Mais servir son pays aux côtés du président de la République François Hollande pendant deux ans, servir sa ville aux côtés de Bertrand Delanoë pendant neuf ans, servir l’État au sein de la Cour des comptes est une ambition digne et honorable. Sans doute, est-ce au cœur de la France profonde, dans les Hautes-Pyrénées que le jeune fonctionnaire sorti de l’Ena a été l’homme le plus heureux comme secrétaire général de préfecture. Il a surtout pensé, grâce à ses réussites aux concours républicains les plus exigeants, être protégé du soupçon de favoritisme et tenu à distance de toute influence. Attaché à la politique, cet homme de gauche offre son expertise aux hommes de pouvoir tout en voulant rester libre. Tropismes familiaux sans doute, et en particulier ceux du père qui murmurait déjà à l’oreille des poli-tiques tout en les égratignant.
À 48 ans, il va devoir mener un combat dur, sans fioritures, pour imposer sa vision universaliste de la protection sociale. Rien ne lui sera épargné. Ni par les médecins, ses interlocuteurs, ni par le pouvoir poli-tique qui veut garder la main sur la ten-taculaire machine qu’est la Cnam. Il en prend les rênes dans une période délétère en plein conflit sur les rémunérations des professionnels de santé. Rarement le fossé n’aura été aussi profond entre les acteurs de la santé.
Il devra surtout écrire une nouvelle page de l’histoire de la protection sociale. À 70 ans de sa naissance, la Sécu est une vieille dame. Aimée par les Français, elle a beaucoup perdu de sa superbe. Elle doit changer pour sauver l’essentiel afin que les Français puissent continuer à profiter de la plus belle arme de justice sociale et de redistribution qui fait de la France un modèle social envié dans le Monde. Pour combien de temps ?
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