Après toutes ces années de crise majorées par celle de la Covid-19, les directeurs d'hôpitaux en cette rentrée ont-ils le blues ?
Pour la première fois depuis de nombreuses années, des améliorations concrètes sont sur la table avec des avancées importantes octroyées par les pouvoirs publics dans le domaine de la santé en général et de l'hôpital en particulier. Effectivement tous les professionnels d'encadrement gardent à l'esprit qu'il a fallu cette crise sanitaire pour commencer à être entendus. Le SMPS s'inscrit dans une démarche constructive. On attend désormais que les promesses se traduisent en actes. Par ailleurs, les problèmes de fond du système de santé doivent être réglés indépendamment de la question des revalorisations salariales. Le malaise ressenti par les directeurs est réinterrogé à la suite des signaux positifs envoyés par le gouvernement. Très clairement le contexte de crise sanitaire doit appeler à des évolutions significatives. Sinon les directeurs d'hôpitaux et au-delà les communautés hospitalières se retrouveront entre le marteau et l'enclume. Pour répondre à la question, les directeurs d'hôpitaux n'ont pas le blues mais ils ont de fortes attentes.
Vous êtes vent debout contre la publication d'un décret précisant le mode de nomination des directeurs.
On retombe avec la publication de ce décret dans la république des copains et des copines. Deux visions du système de santé ne convergent pas. Les syndicats défendent une logique de nomination et des parcours des directeurs qui s'inscrivent d'une part dans la logique du paritarisme, d'autre part en respect avec des critères partagés pour objectiver les nominations. Ce système a été bousculé au cours des dernières années par les cabinets ministériels qui se sont succédé. Au final le paritarisme a été ignoré. Et le ou la ministre procédait à des nominations selon son bon plaisir, avec pour conséquence, des profils sans expérience de management de haut niveau. Ce qui soit dit en passant peut expliquer un certain nombre de difficultés dans un certain nombre d'établissements. Toutefois se produit aujourd'hui un point de bascule dans les emplois supérieurs. Désormais les nominations discrétionnaires sont reconnues. Même si nous nous opposons à ce décret, les masques sont tombés. La crédibilité des parcours professionnels n'est plus le seul critère prédominant. Manifestement une forme de copinage s'impose qui fait plutôt très vieux monde. Les nominations aux postes les plus importants ne doivent pas se résumer aux descentes de cabinet et au copinage parisien. Les pouvoirs publics doivent clarifier leur cadre de référence. Ils imposent leurs candidats lorsque cela les arrange. Ailleurs, il faut solliciter l'avis des communautés hospitalières, à savoir les présidents des CME et les doyens. Auquel cas, le directeur général se retrouve nommé de facto par ses futures équipes. Aucun dispositif, on le voit, n'est satisfaisant. Le système de nomination doit être réinventé. L'enjeu n'est pas corporatiste mais bien d'installer des directeurs hospitaliers en capacité de diriger des établissements dans un environnement toujours plus complexe.
Les PU-PH avec la création de nouveaux échelons ne seraient-ils pas mieux traités que les directeurs d'hôpitaux ?
Le SMPS est très fier d'avoir obtenu du ministère des Solidarités et de la Santé dans le cadre du Ségur de la santé une revalorisation pour les directeurs de soins et les cadres soignants. On est certes déçu par le calendrier qui en renvoie l'application à l'été 2021. De manière solennelle, on demande au ministre de respecter son engagement. Pour autant, il faut sortir de cette vision manichéenne des directeurs et des médecins qui se disputeraient le pouvoir. C'est là une image de l'ancien monde. En revanche, il est nécessaire de parler des soignants et de l'encadrement soignant. Pour revenir aux PU-PH, pour garder les meilleurs à l'hôpital public, ils doivent être valorisés. Mais ce processus doit être mené en équité avec tous les soignants. Un PU-PH en l'absence de cadre de santé performant ne peut accomplir sa mission. La recherche d'équité est un principe majeur dans la ligne de management de l'hôpital public. Au-delà des principes de revalorisation financière, un changement systémique doit être opéré dans le système de santé. Des marges de manœuvre doivent être données aux acteurs de proximité. Ce qui nécessite un assouplissement des statuts et une vraie décentralisation du système de santé qui repose sur la régionalisation et la réaffirmation de la proximité. La crise sanitaire du printemps a mis en évidence l'efficacité des acteurs de proximité. Il faut mettre fin à la logique de concentration et de la pyramide administrative qui stérilise les initiatives en provenance du terrain.
Quels statuts faut-il modifier ?
Il y a mille manières d'assouplir les statuts des organisations afin de libérer des marges de manœuvre pour les décisions et les initiatives. Évidemment un cadre de référence est nécessaire ainsi qu’une régulation opérée par l'État. À l’évidence, les curseurs ne sont pas aujourd'hui bien positionnés. Le continuum logique des ambitions qui ont été affichées dans le Ségur de la santé est la loi 3D.
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