Le nombre de patients pris en charge par les infirmiers coordinateurs (Idec) des PSAD ne cesse de progresser – près de 520 000 à ce jour – avec une croissance de 12 % en 2024 pour la perfusion à domicile. C’est précisément dans ce champ qu’ont été réalisées deux études visant à évaluer l’intérêt médico-économique du parcours de perfusion en ville : la première (5 cas patients) porte sur l’antibiothérapie et la seconde (2 cas patients) sur l’immunothérapie en oncologie.
Réalisées sous l’égide d’un groupe d’experts pluridisciplinaires et d’un comité scientifique garant d’une méthodologie robuste basée sur les modalités d’évaluation validées par la Haute autorité de santé*, ces études ont comparé les coûts respectifs des trois modes de prise en charge : à l’hôpital, en hospitalisation à domicile (HAD) et donc en ville avec une prise en charge par un infirmier coordinateur de PSAD et un infirmier libéral.
Économies substantielles
Qu’il s’agisse de parcours de ville existants (3 cas patients sous antibiothérapie) ou simulés (4 cas patients) dès lors que les molécules étudiées figurent en réserve hospitalière**, les résultats sont sans appel : les prises en charge via les PSAD, validées scientifiquement au regard des exigences de qualité et de sécurité, sont moins onéreuses que les hospitalisations, y compris à domicile.
Sur les cinq parcours étudiés en antibiothérapie, les économies varient de 13 % (pour une endocardite infectieuse traitée par Amoxicilline) à 44 % (pour des pansements complexes en cas d’infection sur prothèse ostéoarticulaire traitée par Daptomycine ; 38 % en cas de pansements simples). L’impact budgétaire à cinq ans (2023-2028) – avec des hypothèses de bascule progressive de 11 240 prises en charge de l’HAD vers la ville – est conséquent avec des économies comprises entre 15,7 et 37,6 millions d’euros en année 5, en fonction du mix entre pansements simples et complexes. Le cumul d’économies sur cinq ans est quant à lui évalué entre 44,7 et 106,7 millions d’euros pour les cas étudiés d’antibiothérapie.
Immunothérapie en oncologie
Dans le champ de l’immunothérapie, les deux cas patients étudiés simulés mettent aussi en évidence des économies substantielles : - 39 % par rapport à l’hôpital et -12 % par rapport à l’HAD pour le mélanome cutané traité par Pembrolizumab ; - 26 % par rapport à l’hôpital et – 9 % par rapport à l’HAD pour le cancer bronchique non à petites cellules métastatique, lui aussi traité par Pembrolizumab. En cas de bascule de 50 % de l’activité de l’hôpital vers le domicile, l’économie générée s’élèverait à plus de 12 millions d’euros en année 5 et ce sont plus de 38 millions d’euros qui pourraient être économisés sur cinq ans.
« L’évolution des données épidémiologiques, le virage ambulatoire, la confiance des prescripteurs, la présence de PSAD sur l’ensemble du territoire expliquent la montée en puissance de notre activité, particulièrement depuis la crise sanitaire, se félicite Louis Champion. La sécurité et la qualité de nos interventions étant reconnues, il nous restait à démontrer la pertinence économique de notre modèle, ce qui est fait. Notre objectif n’est pas de créer des rivalités entre acteurs mais d’agir pour la qualité de vie des patients, qui souhaitent être soignés à domicile, et d’œuvrer pour l’équilibre de nos comptes sociaux ».
Médecin infectiologue au centre hospitalier d’Argenteuil, la Dr Pascale Longuet-Flandre a avancé un autre argument - médical - justifiant de recourir davantage aux prestataires de santé à domicile : « Compte tenu de la vague d’innovations que nous connaissons dans l’aire thérapeutique du cancer, il est essentiel de disposer de plusieurs réseaux de prise en charge », a-t-elle précisé.
Interpellation des pouvoirs publics
Forte de ces résultats, la Fedepsad a détaillé plusieurs pistes pour permettre voire accélérer ces économies : sortir les immunothérapies et certains antibiotiques de la réserve hospitalière pour faciliter leur dispensation en ville, instaurer une politique de partage des économies avec les hôpitaux, encourager ces derniers à orienter les patients vers des prises en charge à domicile ou encore valoriser le rôle des acteurs de ville, notamment les Idec des PSAD en matière de coordination des soins et de pharmacovigilance.
La Fédération défendra d’ailleurs dès 2025 un nouveau parcours coordonné renforcé (PCR) basé sur un modèle de financement forfaitaire dans le cadre de l’article 51 de la loi Sécu 2018 (sur les expérimentations). « Dans un contexte de recherche permanente d’économies et à l’heure où nous craignons de nouvelles baisses tarifaires brutales, nous avons isolé des facteurs d’économies structurelles que nous soumettons aux pouvoirs publics », explique Alexandra Duvauchelle, déléguée générale de la Fedepsad.
Les résultats de ces études ont déjà été présentés au Comité économique des produits de santé (CEPS), à la Direction de la Sécurité sociale (DSS) et ils seront transmis dans les prochains jours au cabinet de Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé.
*Avec le soutien du cabinet de conseil Proxicare et de VYOO Agency.
**En raison de leur statut juridique, ces molécules ne peuvent être dispensées qu’à l’hôpital ou dans le cadre d’une HAD.
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