L’ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a en revanche apprécié la petite marche arrière enclenchée par le gouvernement sur la réforme de l’Aide médicale d’État (AME). La veille, dans le « Journal du Dimanche », le Premier ministre Michel Barnier a un peu moins soutenu que la semaine précédente son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ancien patron de la droite sénatoriale très engagé dans la refonte de l’AME en aide médicale d’urgence.

Mais pour Michel Barnier, désormais, s’il doit bien « y avoir une maîtrise des dépenses de l’AME […], il est important de s’assurer que l’AME ne soit jamais détournée de son but, à savoir un outil de santé publique ». « L’AME, a analysé Frédéric Valletoux, on l’utilise comme un chiffon rouge comme si le sujet de l’immigration pouvait se résoudre à partir du moment où l’on supprime ou en tout cas on transforme l’AME. […] Quand vous avez l’ensemble des soignants qui demandent qu’on maintienne l’AME car elle est utile et nécessaire, il faut les écouter. Le Premier ministre a enterré toute idée de réformer profondément l’AME, mais il veut veiller à son bon usage », s’est-il félicité.

Ne pas faire des économies « sur le dos de la santé des Français »

Le président de la commission des Affaires sociales n’est pas le seul à avoir tracé ses lignes rouges. Dans une interview donnée ce lundi à L’Opinion, le Dr Yannick Neuder, rapporteur général (DR) du texte à l'Assemblée et député de l’Isère, a lui aussi haussé le ton. « J'avancerai lors de cet examen avec le même principe que je me suis fixé depuis 2022, a-t-il lancé : on ne doit pas faire des économies sur le dos de la santé des Français. » Le cardiologue a déposé 25 amendements relatif aux médicaments, au cumul emploi-retraite des médecins, aux déserts médicaux et à l’accès aux soins (demande de remise d’un rapport sur l’augmentation du ticket modérateur, création de la consultation infirmière).

A l’instar du rapporteur, les députés se sont particulièrement mobilisés pour amender les articles du projet de loi qui propose des pistes d’économies qui sont loin de faire consensus. Cette offensive se remarque sur l’article 15 (régulation des dépenses dans le champ conventionnel), l’article 16 (extension du champ de l’accompagnement à la pertinence des prescriptions), l’article 17 (améliorer l’efficience des dépenses de transports de patients) et l’article 18 (plafonnement des rémunérations des personnels non médicaux exerçant en intérim).

Le déficit de la Sécurité sociale atteindra 18 milliards en 2024, soit 7,5 milliards de plus que prévu dans le budget initial voté l’an passé. Le gouvernement promet donc de redresser le déficit à 16 milliards d'euros en 2025 .