À l’approche des présidentielles, une dizaine d’associations et de syndicats ont décidé de se rassembler pour plancher sur le sujet de l’accès aux soins. À l’initiative de l’association des maires ruraux de France (AMRF) : le Syndicat des infirmières et infirmiers libéraux (Snil), le Syndicat des médecins libéraux (SML), le SAMU Urgences de France, l’Union nationale des professionnels de Santé (UNPS), la Fédération nationale des techniciens ambulanciers urgentistes (FNTAU), l’Association des maires ville et banlieue de France et l’Association des citoyens contre les déserts médicaux (ACDM), veulent faire front commun sur la démographie médicale.
« Nous avons voulu réunir les différents acteurs que nous connaissions pour voir si nous avions la capacité d’être d’accord sur le constat et travailler ensemble à la recherche de solutions », explique Dominique Dhumeaux, 1er vice-président de l’AMRF. Et après ce groupe de départ, d’autres devraient déjà très prochainement rejoindre la table, à l’image de mutuelles ou de syndicats d’internes ou jeunes médecins.
Des positions divergentes
Tous ces acteurs sont poussés par l’envie de faire peser ce sujet dans l’élection 2022, eux qui regrettent qu’en ce moment la santé ne soit plus en sujet de société dans les débats. Ils espèrent donc trouver des positions communes à porter auprès des différents candidats. Mais la tâche est ardue tant cette « alliance » réunit des acteurs qui ont, par le passé, déjà eu des positions parfois dissonantes. À l’image de l’ACDM dont la vice-présidente, le Dr Laure Atru, a bien conscience qu’elle servira d’« aiguillon » au groupe . « L’ADN de l’association est de revendiquer un droit constitutionnel et égalitaire de la santé », une requête qui sous-entend une régulation des médecins sur le territoire ou encore d’agir sur la durée du remplacement. La rhumatologue souhaite que les décisions politiques aient le courage de « déplaire aux médecins » et est sûre que « les médecins n’auront pas l’indécence de se rebeller ».
Un discours qui pourrait sans doute faire bondir les syndicats d’internes ou de jeunes médecins, mais même certains déjà autour de la table comme le SML ou l’UNPS. Malgré tout, ceux-ci sont prêts à travailler pour « trouver le plus petit dénominateur commun et sortir de l’idéologie », explique le Dr William Joubert, président de l’UNPS.
Coordination, délégation, régulation
Avec le SML, ils défendent notamment comme solution aux problèmes d’accès aux soins le développement des Escap (équipes de soins coordonnées autour des patients), moins rigide et chronophage que les CPTS et qui doivent faire prochainement l’objet d’une négociation conventionnelle.
« Nous n’avons pas forcément tous les mêmes remèdes, donc il sera peut-être difficile de trouver une position commune. Il faudra être intelligent pour que tout le monde se retrouve dans une solution efficace », souligne le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Cela passe notamment par un travail autour de la coopération avec les professions de santé qui ont un maillage plus important. À l’image des infirmiers dont « la démographie est galopante. Mais nous avons encore des freins au développement de certaines compétences », explique John Pinte, président du Snil.
La réorganisation de la régulation médicale, avec la mise en place des Services d’accès aux soins (SAS), fait aussi partie des priorités, « car la solution ne peut pas être le tout à l’hôpital », estime le Dr François Braun, président du SAMU Urgences de France.
Quoi qu’il en soit, la solution ne pourra pas être une doctrine unique. « Nous partageons tous le diagnostic mais les solutions seront forcément différentes selon les territoires. Notre idée est plus de proposer une boîte à outils dans laquelle il y aura un panel de solutions », détaille Dominique Dhumeaux.
Bien conscients de leurs divergences parfois importantes, les membres de ce collectif veulent croire que l’urgence de la situation poussera chacun à travailler sur ce qui peut faire consensus.« Il me semble que l’intérêt général peut être un leitmotiv pour trouver des solutions, considère le vice-président de l’AMRF. L’ensemble des acteurs du parcours de soins se rendent compte que nous arrivons au bout du système qui consiste à ignorer le problème. Il est peut-être temps de mettre des postures dans notre poche, moi le premier, de manière à avancer ».
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