Le président de la République joue sans doute sa dernière carte pour tenter de regagner la confiance du monde de la santé, à deux ans de l’élection présidentielle. Après trois plans hospitaliers jugés très insuffisants et une crise épidémique sans précédent, Emmanuel Macron a reconnu s’être trompé. Ne pas être allé assez vite ni assez fort. Il s’est donc engagé à mener un « plan massif d’investissement » pour les hôpitaux. Lors de l’ouverture du Ségur de la santé, lundi, son Premier ministre a assuré que la hausse du salaire des soignants serait « significative ».
La médecine libérale, qui traverse une crise démographique sans précédent, espère elle aussi beaucoup de cette vaste concertation. Plus que des promesses, elle attend des actes. Car la lutte contre l’épidémie n’est pas en passe d’être gagnée grâce aux seuls hôpitaux. En adaptant leur exercice, en se lançant dans la téléconsultation, en s’engageant dans les centres Covid ou en s’impliquant dans le cadre des CPTS, les professionnels de ville – notamment les généralistes – ont montré que l’on pouvait compter sur eux.
Aussi ont-ils été relativement surpris de voir Nicole Notat, ex-secrétaire générale de la CFDT, 72 ans, chargée de piloter ce « Ségur de la Santé ». Les plus anciens d’entre eux se souviennent qu’elle fut parmi les rares syndicalistes à soutenir le plan Juppé de 1995. Une réforme qui prévoyait d’instaurer une maîtrise comptable des dépenses de santé et d’assortir des reversements d’honoraires par les médecins si l’objectif de dépenses de santé n’était pas tenu…
La séquence qui s’ouvre laisse-t-elle entrevoir une mise au rancart des politiques d’austérité jusque là appliquées ? Dans un manifeste publié lundi dans Libération, un collectif de soignants rêve que de cette crise émerge une grande réforme du système de soins intégrant l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social. Qui apporterait des réponses concrètes aux secteurs en détresse des urgences, de la psychiatrie ou des Ehpad. « Vous avez pu compter sur nous, montrez que nous pouvons compter sur vous », écrivent-ils. Quoi qu’il en coûte.
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie