Les partis de gauche ont réussi à s’entendre afin de proposer ce 14 juin un « contrat de législature » pour les prochaines élections législatives, les 30 juin et 7 juillet. La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), Europe écologie Les Verts (EELV), mais aussi Générations et Place publique se sont mis d’accord sur un programme commun, divisé en trois séquences : les 15 premiers jours, puis les 100 prochains – incluant une « grande loi de santé » – et enfin les trois années avant la présidentielle, en 2027.
La priorité affichée de ce front de gauche – dès les premiers jours, donc – est de « réparer les services publics » et, en premier chef, l’hôpital. Le Nouveau Front populaire entend organiser « une conférence de sauvetage de l’hôpital public » afin, peut-on lire dans son programme, « d’éviter la saturation pendant l’été, proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end pour ses personnels ». Le texte ne mentionne pas à quelle hauteur interviendrait cette réévaluation des grilles ou des gardes.
Plus largement, le programme ambitionne de « lancer le rattrapage des postes manquants de fonctionnaires à l’hôpital public, dans le soin et le médico-social » – là aussi sans préciser à quelle hauteur – et d’accélérer la rénovation des bâtiments publics. Autre principe affiché pour les citoyens en périphérie ou en ruralité : « Personne ne doit habiter à moins de trente minutes d’un accueil physique des services publics ».
Des cliniques sans reste charge ?
Parmi les mesures des 100 prochains jours du Nouveau Front populaire, durant « l’été des bifurcations », figure la promesse de bâtir « une grande loi santé ». Parmi les mesures citées, plusieurs concernent les libéraux : la « régulation à l’installation » des médecins dans les déserts médicaux (faut-il comprendre l’obligation de s’y installer pour les nouveaux diplômés ?) et le rétablissement des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé. Des idées directives – à l’instar du conventionnement sélectif – que portaient notamment les députés du groupe transpartisan du député sortant socialiste Guillaume Garot (PS).
Une autre proposition clivante concerne les établissements privés : l’ouverture des cliniques sera « conditionnée » à leur participation à la permanence des soins et surtout à « la garantie d’un reste à charge zéro ». Une petite révolution qui supposerait la fin des dépassements d’honoraires des spécialistes y exerçant ou du moins la solvabilisation de ces compléments tarifaires par l’Assurance-maladie et les complémentaires.
C’est toujours à la faveur de cette loi santé que l’union de gauche entend engager un « plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social » (médecins, infirmiers, aides-soignantes, administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires. Un « plan Grand âge », fondé sur la rénovation des Ehpad, en augmentant et en formant mieux les professionnels du secteur de l’autonomie, compte aussi parmi les idées avancées, après le scandale Orpea.
Enfin, la création d’un « pôle public du médicament », avec un renforcement des obligations de stocks, est citée, comme ce fut le cas lors des dernières européennes. Le Nouveau Front populaire compte « défendre la levée des brevets sur les vaccins et les moyens médicaux de lutte contre les pandémies » au niveau diplomatique.
Davantage de médecins scolaires, maintien de l’AME
Une « grande loi éducation » est aussi au programme avec des implications pour les étudiants en médecine : l’abolition pure et simple de la plateforme Parcoursup, ainsi que « la sélection dans l’université publique ». Le programme propose au passage « une garantie d’autonomie qui complète les revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté », laquelle serait accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel. Le renforcement des effectifs de la médecine scolaire est aussi mentionné, sans plus de précisions.
Sur le plan de la santé publique, cette union de la gauche se porte garante du maintien de l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, une prestation menacée ces derniers mois, ce qu’ont vivement dénoncé une grande partie des soignants.
Sur le plan individuel et des droits des femmes, le Nouveau front populaire promet de « prendre en charge par la Sécurité sociale les protections menstruelles et sanctionner les fabricants qui ne respectent pas le contrôle sanitaire et la régulation des prix ». Autre engagement : mettre en place un congé menstruel dans les entreprises et les administrations.
Les droits LGBTQI ne sont pas oubliés, avec un plan d’éradication des violences et de lutte contre la transphobie. Autres mesures avancées : rembourser la PMA et la rendre accessible aux personnes transgenres. La promesse d’augmenter les moyens dans la santé pour les transitions figure également.
Doper le sport-santé, reconnaître le burn-out
Le programme du Nouveau Front populaire ambitionne aussi de développer des maisons de sport-santé « dans tout le pays » et de rembourser dans le droit commun le sport sur ordonnance. Autres mesures de santé publique : mettre en place un taux maximal de sucre dans les aliments transformés et interdire les polluants éternels (PFAS). Un fonds d’indemnisation et de prévention contre les pollutions sera créé pour indemniser et assurer la prise en charge médicale des victimes de la chlordécone et des sargasses notamment.
Concernant la santé au travail est évoqué un plan d’action « zéro mort au travail », s’appuyant sur le rétablissement des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), l’embauche d’inspecteurs du travail et de médecins du travail ainsi que la mise à jour du tableau des maladies professionnelles en intégrant notamment le burn-out.
Au-delà, le Nouveau Front populaire entend augmenter les moyens de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et élargir son domaine d’intervention au champ de la formation professionnelle et de la santé publique.
CSG progressive, rétablissement de l’ISF
Côté ressources, le rassemblement des gauches, déjà critiqué pour le coût de son programme, compte rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique », supprimer la flat tax (prélèvement forfaitaire unique) et rétablir l’exit tax (fiscalité applicable aux Français domiciliés hors du pays). Le fil rouge étant « d’abolir les privilèges des milliardaires »
Il prévoit de supprimer les niches fiscales « inefficaces, injustes et polluantes », sans préciser lesquelles, et de réformer l’impôt sur l’héritage, en « ciblant les plus hauts patrimoines », avec un « héritage maximum ». Enfin, la CSG serait rendue « progressive ».
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