Le Généraliste : Vous faites partie des responsables de l'opposition qui souhaitent voir la loi de santé abrogée. Pourquoi ?
François Fillon : La loi de santé est un texte fourre-tout de plus de 200 articles. Il va sans dire que tous ne sont pas négatifs, notamment sur tout ce qui touche à la prévention ! En revanche, il faut revenir sur la généralisation du tiers payant imposée par le gouvernement qui, d’une part, a un effet déresponsabilisant sur les patients et, d’autre part, conduit à un alourdissement bureaucratique pour les praticiens. Ce projet est le contraire de ce que je veux faire pour la santé : plus de liberté et plus de responsabilité pour tous les professionnels de santé. Il faut donc ouvrir une nouvelle page et engager un vrai dialogue sur l’accès aux soins, sans a priori et sans tabou.
Les médecins libéraux, et notamment les généralistes, éprouvent un mal-être grandissant dans leur exercice. Comment lutter contre ce sentiment ?
F.F. Les médecins sont en première ligne face au malaise de notre société et de beaucoup de nos concitoyens : le repli sur soi, le scepticisme... Ils sont eux-mêmes confrontés, dans leur pratique, à des charges administratives étouffantes ou des incohérences de politique publique. Ils ressentent amèrement ce gouffre entre le métier humain qu’ils exercent et le système qui les encadre. La reconnaissance du rôle des généralistes dans les parcours de santé, le développement d’une vraie formation professionnelle continue, le décloisonnement de notre système de soins entre la médecine de ville et l’hôpital sont des éléments essentiels pour leur redonner des perspectives. Enfin, le dialogue avec leurs représentants doit être fondé sur la confiance réciproque.
Les dépenses de santé sont dans les clous et, pourtant, le déficit de l'Assurance maladie est plus que jamais présent. Comment y remédier ?
F.F. Il faut d’abord remettre notre pays sur le chemin de la croissance. Avec un taux de chômage équivalent à celui de l’Allemagne ou du Royaume Uni, les recettes de l’Assurance Maladie seraient bien plus dynamiques ! Il faut ensuite redéfinir ensemble le champ de l’intervention de l’Assurance Maladie. J’ai ouvert quelques pistes. Je les soumets à la réflexion de chacun : une franchise universelle en fonction des revenus, un recentrage sur les affections graves ou de longue durée avec un panier de soins bien défini, à l’image de ce que d’autres pays ont fait. J’insiste sur le fait qu’il est impératif d’arriver à l’équilibre financier et d’arrêter cet engrenage fatal de la dette sociale. On ne peut pas faire financer nos dépenses de soins par nos enfants. L’équilibre financier, c’est la garantie, non seulement de la pérennité de notre système, mais aussi d’une juste rémunération des praticiens. Regardez l’Allemagne : la rigueur dans la gestion du système d’assurance maladie n’empêche pas des niveaux de rémunération satisfaisants. Au contraire !
Si vous revenez au pouvoir en 2017 quelles seraient vos priorités santé ?
F.F. La première priorité, c’est de parvenir, par la concertation, à fédérer tous les acteurs de santé autour d’un projet commun. Bien sûr, toute réforme heurte des intérêts, des habitudes. Il n’y aura jamais de consensus total, mais il faut éviter les crispations et les malentendus. La deuxième priorité, c’est de faire travailler ensemble tous les professionnels de santé qu’ils soient libéraux ou hospitaliers. Ce projet commun, fondé sur la liberté et la responsabilité, doit permettre d’assurer le juste soin au meilleur coût, de préserver la liberté de choix pour les patients et de donner aux professionnels de santé libéraux et hospitaliers les moyens de remplir leur mission. Voilà ma feuille de route !
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