Les plateformes de rendez-vous médicaux en ligne « joueront le jeu » pour permettre de collecter la future taxe « lapin », sanction de cinq euros appliquée aux patients indélicats qui n'honorent pas leur rendez-vous, a assuré ce jeudi le ministre délégué à la Santé, après les réticences exprimées par le géant du rendez-vous en ligne Doctolib.
À partir de 2025, les patients qui ne se présentent pas et n'annulent pas leur rendez-vous médical au moins 24 heures à l'avance s'exposeront à une sanction de cinq euros, qui ira dans la poche du médecin, a annoncé samedi le Premier ministre Gabriel Attal. Le praticien pourra choisir de la prélever ou pas, mais les modalités restent à définir.
Ne pas créer un fardeau administratif
La somme sera retenue via l'empreinte bancaire du patient, prise avant le rendez-vous par les plateformes en ligne, les secrétariats ou les soignants eux-mêmes. Sur ces aspects techniques, le PDG de la principale plateforme Doctolib, Stanislas Niox-Château, a émis de très forts doutes. « Il ne faut pas créer un fardeau administratif nouveau pour les soignants et entraver l'accès aux soins », a-t-il déclaré mercredi 10 avril sur France Inter.
« Il y a 20 % des patients qui sont en situation d'illectronisme, et 5 % qui n'ont pas de carte bancaire, c'est impensable d'entraver l'accès aux soins pour eux », a-t-il expliqué. « Comment vont faire les praticiens pour gérer la majorité des rendez-vous qui ne sont pas pris en ligne (...), gérer les plaintes des patients, les contestations (...). C'est inimaginable d'envisager que les secrétariats vont enregistrer des cartes bancaires », a-t-il estimé.
Calage technique
Interrogé ce jeudi 11 avril sur Sud Radio, le ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux a voulu rassurer. « C'est un problème de calage technique » et « je comprends qu'il y ait des sujets d’organisation », mais cette idée de pénalité, « c'est Doctolib qui l'avait lui-même proposée il y a quelques mois » a recadré le ministre. Doctolib « n'est pas le seul intervenant » et « toutes les plateformes vont jouer le jeu, on va mettre ça en place avec elles », a-t-il aussi assuré.
« Néanmoins, on ne couvrira que la moitié des rendez-vous » de cette façon, puisqu'aujourd'hui l'autre moitié est prise par des secrétariats ou les médecins eux-mêmes, a admis le ministre. Quid alors de l’éventuelle paperasse supplémentaire ? Pour les médecins, « ce n’est pas une tâche administrative énorme (...) techniquement c’est faisable », balaye Frédéric Valletoux. Il a précisé que cette pénalité entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2025 grâce à une loi qui sera présentée au Parlement à l’été ou à l’automne.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier