Quatre ans et demi après son arrivée avenue de Ségur, Marisol Touraine se serait-elle décidée à s’aventurer sur le terrain de la santé publique ? C’est peut-être ça finalement, la nouveauté de cette rentrée. Jusqu’alors, l’action de la ministre de la Santé semblait, en effet, davantage guidée par des impératifs d’accès aux soins, d’économies sur les coûts de l’Assurance Maladie ou de gouvernance du système de santé. Ses rares incursions sur le terrain sanitaire ne concernant guère que la lutte contre le tabac ou la santé sexuelle, deux priorités revendiquées haut et fort. Pour le reste, ses interventions restaient épisodiques, répondant presque toujours à l’urgence du moment. Dépakine, Médiator, pilules C3G, accident d’essai clinique… Sur ces dossiers, on l’a vu réagir à l’événement et même parfois sur-réagir, comme pour s’assurer que demain on ne viendrait pas lui reprocher son inaction…
Pas facile, sans doute, de s’inventer chef d’orchestre en santé publique quand on n’appartient pas au corps médical. N’est pas Barzach, Kouchner ou Mattei qui veut… Question de flair et peut-être de légitimité. Alors, si la ministre s’y risque cet automne, annonçant un plan maladie de Lyme la semaine passée, promettant une « rénovation profonde » du dépistage organisé du cancer du sein cette semaine, et bientôt des décisions pour relancer la vaccination, c’est que, quelque part, il y a quand même le feu au lac. Les maladies vectorielles à tiques sont devenues un problème de santé majeur, du fait de leur progression exponentielle et de l’errance thérapeutique à laquelle sont confrontés trop de patients. Sur la vaccination, la couverture des jeunes comme des moins jeunes a plongé durant le quinquennat. Enfin, le taux de mammographies chez les femmes de plus de 50 ans marque le pas…
Mais, si Marisol Touraine sort du bois sur ces trois thèmes, ce n’est pas seulement parce que les clignotants sont au rouge. Ces derniers mois, l’opinion s’est aussi fait entendre sur ces dossiers. Pour le meilleur parfois, plus souvent pour le pire. Or, à sept mois d’une élection cruciale, aucune mobilisation ne peut laisser les politiques de marbre. Reste à espérer que cette ébullition ne nuira pas à la sérénité des décisions qui seront prises. Mais ce n’est pas gagné. On évoque ainsi la création d’une ALD sur la maladie de Lyme… Étrange précipitation, alors que les contours exacts de cette pathologie restent discutés et qu’il y a quelques années, l’HTA sévère a été retirée de la liste, sans autre forme de procès…
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