La CMU-C et l'aide à la complémentaire santé (ACS) remplissent bien leur office, même si trop de bénéficiaires potentiels ne se prévalent pas de leurs droits. C'est le constat posé par les statisticiens de la DREES, plus de 15 ans après l'invention de la couverture maladie universelle. En 2014, 5,5 millions de personnes étaient affiliées à l'un ou à l'autre de ces deux dispositifs, qui représentaient 9 % des revenus de ces bénéficiaires. La CMU-C couvre en effet 4,6 millions de personnes et coûte 2 milliards d'euros à la collectivité. Les chèques ACS sont utilisés par 900 000 assurés, pour un coût de 250 millions.
En moyenne, la première -qui offre une complémentaire gratuite- représente ainsi un gain de 440 € par an et par personne qui la perçoit. La seconde atteint en moyenne 290 € par an et par bénéficiaire. Ces avantages varient selon l'âge de la personne. Ainsi pour la CMU : 250 € pour les moins de 15 ans, mais jusqu'à 750 € pour les plus de 60 ans. À noter que globalement, les barèmes permettent de couvrir en moyenne 55 % des prix des contrats de ceux qui touchent l'ACS, avec une meilleure couverture pour les plus jeunes que pour les plus vieux.
L'étude de la DREES renseigne aussi sur les profils des populations concernées. Globalement, beaucoup plus de jeunes dans les deux dispositifs que la moyenne française. Un tiers des bénéficiaires de la CMU-C et un quart de ceux de l'ACS ont ainsi moins de 16 ans. Et s'agissant du premier dispositif, les trois quarts ont moins de 50 ans ; les familles monoparentales représentant 18 % des ménages touchant la CMU contre 6 % en population générale.
Les plus âgés sont en revanche quasi absents à la CMU-C, car le plafond d'obtention est supérieur au minimum vieillesse : seuls 3 % des bénéficiaires ont en effet plus de 60 ans. A l'ACS en revanche, on recense un quart des bénéficiaires de plus de 60 ans.
Reste que ces prestations sont encore mal connues d'un grand nombre d'assurés qui pourraient s'en prévaloir. Le taux de recours à la CMU-C est estimé par la DREES entre 64 et 77 %. C'est pire encore pour l'ACS, qui aiderait entre 30 et 43 % seulement ce ceux qui en auraient besoin. Question d'absence d'information sans doute ou de lourdeur des démarches. La CMU étant, de ce point de vue, un dispositif bien mieux connu que l'ACS, ce qui ne veut pas dire que les assurés savent quand ils y ont droit...
Les chercheurs estiment d'ailleurs que les deux dispositifs sont peut-être un peu victimes de leurs revalorisations conséquentes ces dernières années, avec notamment un relèvement important (+7 %) du seuil d'éligibilité en 2013. "Les nombreuses réformes des deux dispositifs depuis leur création ont largement étendu le champ des dispositions éligibles cherchant à améliorer l'attractivité des deux dispositifs. Mais ces élargissements importants du public ont pu mener à une mauvaise connaissance de leurs droits par les nouveaux éligibles", s'interrogent les auteurs. Comme quoi, le mieux peut parfois être l'ennemi du bien…
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