Record battu : le 16 août dernier, selon le collectif Inter-Urgence, un patient de 70 ans est resté aux urgences pendant six jours et 12 heures à l'hôpital de Saint-Quentin (02). Autre image forte, la ministre de la Santé Agnès Buzyn poursuivie dans les couloirs des urgences par des manifestants lors de sa visite à l'hôpital de La Rochelle le 12 juin dernier.
Au-delà de ces exemples emblématiques qui montrent le malaise des urgences et malgré les annonces de la ministre de la Santé en juin, le mouvement de grève dans ces services s'est durablement installé. Agnès Buzyn avait débloqué 70 millions d'euros pour apaiser la colère des soignants. Cette somme était destinée à financer une prime mensuelle de 100 euros net pour toutes les infirmières et aides-soignantes des urgences publiques à compter du 1er juillet. Au final, cinq mois et demi après les urgences, la grève n'a jamais été aussi étendue : mi-août, la DGOS recensait 195 services en grève, versus 223 services revendiqués par le collectif Inter Urgences le 27 août dernier. Selon le ministère qui fait la distinction entre le plan national et le local, « la mobilisation est très diverse et en déclin à certains endroits ». Il pointe les protocoles de sortie de grève négociés localement sur 28 établissements dont sept à l'AP-HP. Pour autant, « certains services sont restés en grève par solidarité alors même que les situations ont été réglées localement ». En témoignent certains services d'urgences qui se sont mis en grève au cœur de l'été.
Celui de Castres a commencé son mouvement le 31 juillet. À l'inauguration de l'hôpital en 2011, les urgences enregistraient 34 902 entrées. En 2018, elles sont passées à 42 544, mais avec des dotations en baisse. Alors que les grévistes réclament le recrutement de 6 à 8 infirmières et de 4 aides-soignantes, la direction a recruté deux infirmières supplémentaires et a revalorisé les heures supplémentaires. Sur 90 paramédicaux, 77 sont en grève et « ne lâchent rien ».
Autre conflit qui a débuté de façon encore plus tardive, les urgences du Chu de Hautepierre (Strasbourg). Un préavis de grève a été déposé pour le 6 septembre suite à l'agression d'un jeune patient qui s'en est pris à trois infirmières, deux aides-soignantes, deux ambulanciers, deux pompiers et deux médecins. Plusieurs plaintes ainsi qu'un droit d'alerte ont été déposés. La présence d'un vigile en permanence est réclamée par les personnels, et pas seulement en soirée comme c'est le cas.
La situation est encore plus dramatique au Chu de Guadeloupe depuis son incendie le 28 novembre 2017. Plusieurs services ont été délocalisés dans des locaux transitoires inadaptés selon le personnel. Le 23 juillet dernier, à l'appel d'une intersyndicale, certains grévistes ont fermé les grilles de l'établissement. Le conflit a débuté le 10 juillet au SAU et à la maternité délocalisés depuis l'incendie. Les personnels du SAU protestent contre l'exiguïté des locaux et le manque de moyens humains et matériels. La ministre de la Santé a annoncé un plan de financement à hauteur de 54 millions d'euros pour la réhabilitation des urgences d'ici à la fin 2019, la remise en état opérationnel des blocs au premier semestre 2020 et la livraison d'un nouveau pôle parents-enfants en octobre 2020.
Côté revendications, les pompiers se sont également mis en grève depuis le 26 juin. Le 2 août, Gregory Allione, le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSPF), s'est dit complètement en phase avec Patrick Pelloux, le président de l'Amuf : « Nous acheminons toute cette détresse, cette bobologie, tout ce qui n'est pas nécessairement de l'urgence, aux services des urgences devenus de vrais dispensaires. » Il réclame une révision du schéma entre les urgences et les pompiers. Ces derniers ont fait 4,5 millions d'interventions en 2018, soit une toutes les 7 secondes dont 80 % pour les secours aux personnes et 6 % pour les incendies.
Dans le calendrier de la rentrée à venir, retenons les mesures issues des recommandations du rapport Carli-Mesnier (commandé par la ministre pour l'automne) qui seront dévoilées par Agnès Buzyn, l'assemblée générale à Paris du collectif Inter Urgences le 10 septembre et enfin la journée d'actions prévue le 11 septembre, la quatrième depuis juin dernier.
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