Du 31 mars au 7 avril, les médecins généralistes sont appelés à voter en ligne pour élire leurs représentants aux URPS. Mais dans un contexte sanitaire très tendu, cette échéance est loin d’arriver en tête de leurs préoccupations.
À quelques jours des élections professionnelles, difficile de prendre le pouls des médecins généralistes. « Débordés par la campagne de vaccination », avec des « consultations qui s’enchaînent », nombreux sont ceux à nous avoir indiqué n’être « pas intéressés par le scrutin ». Sur les quelques dizaines de sollicitations lancées au hasard auprès de généralistes aux quatre coins de la France, peu ont été concluantes. Si certains médecins ont déjà décidé qu’ils ne prendraient pas part à ce scrutin par manque d’« intérêt », de « temps » ou de « confiance », d’autres se connecteront sur Internet entre le 31 mars à midi et le 7 avril à midi pour voter.
Une campagne éclipsée par une autre, celle de la vaccination
Même pour les généralistes les plus informés, cette campagne aux URPS semble passer en second plan. Installée à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme) depuis 2016, le Dr Pauline Malhanche, syndiquée MG France, se dit évidemment « concernée » par les élections. Elle aspire d’ailleurs à être « correctement représentée » par un syndicat en « adéquation avec ses valeurs ». Mais en pleine campagne de vaccination, la généraliste admet ne pas se sentir « pleinement investie » : « L’organisation de la vaccination et les incessants changements de stratégie vaccinale nous prennent beaucoup de temps et d’énergie. Tous les jours, je déjeune avec des collègues syndiqués, mais on discute tellement de l’organisation de la vaccination que l’on n’a pas évoqué une seule fois les élections ! »
Le Dr Julie Legrand, généraliste à Morsang-sur-Orge (Essonne), se dit elle aussi « débordée » par les vaccinations. Elle admet ne pas s’être penchée sur les différents programmes syndicaux envoyés par mail et « noyés » parmi les DGS-Urgent et les nouvelles recommandations de la HAS ou de Ségur : « Je passe déjà beaucoup de temps chaque semaine à essayer d’organiser des vaccinations pour au final les annuler, les reprogrammer puis les annuler encore. Les élections sont très loin de mon quotidien. » Si elle souligne la « mobilisation sans faille » des syndicats pour défendre la profession pendant la crise, la jeune médecin dit cependant ne pas se retrouver dans l’offre de ces organisations, qu’elle juge « trop à droite ». Elle ne votera donc pas.
Votera, votera pas ?
À Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe), le Dr Olivier Bellière ne participera pas lui non plus au scrutin. « Je n’ai jamais voté, parce que j’ai choisi ce métier pour faire de la médecine ». Par habitude, donc, mais aussi parce que selon lui, « les problèmes de mauvaise gestion » de la crise sanitaire sont du ressort de la politique gouvernementale, pas de la médecine.
À l’inverse, pour le Dr Olivier Hanriot, généraliste à Verny (Moselle) et candidat sur une liste MG France, le rôle des syndicats dans cette crise a été crucial et il doit le rester : « La vaccination prend beaucoup de temps aux médecins (…) mais c’est d’autant plus important de voter afin que les résultats soient le plus représentatifs possible. » En cette période agitée, pendant laquelle les recommandations, cotations, consignes changent régulièrement, il est difficile de se tenir à jour. « Les syndicats ont tenu un rôle d’analyse précieux pour synthétiser les informations importantes et les communiquer aux médecins », appuie le généraliste.
De l’utilité ou pas de s’exprimer
Comme à chaque élection professionnelle, le Dr Xavier Deau, généraliste à Épinal (Vosges), votera. Résigné, il confie toutefois placer peu d’espoir sur l’issue de ce scrutin : « Je regarde ça de loin mais je ne trouve dans les programmes aucune idée exceptionnelle qui puisse apporter des réponses nouvelles aux problématiques de la désertification des campagnes et des villes moyennes. Je suis un peu défaitiste, cela fait des années que les syndicats tirent la sonnette d’alarme mais en face, il n’y a pas de réponses gouvernementales adaptées. »
Installé depuis quelques années seulement avec son père dans un cabinet à La Cavalerie, dans l’Aveyron, le Dr Marc Ferrand est intimement persuadé de la nécessité d’aller voter dans un contexte marqué par « des problèmes de gestion de pandémie, de surcharge fiscale et de paperasse ». Syndiqué depuis six mois à l’UFML-S, il votera pour la première fois aux élections professionnelles, pour cette nouvelle formation mais aussi par rejet des autres syndicats.
69 %
C’est la part de généralistes ayant répondu sur le site ne pas se sentir concernés par la campagne électorale des URPS (28 % ont dit l’être et 3 % n’ont pas exprimé d’opinion).
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