Étaient-ce les derniers actes de Manuel Valls en tant que Premier ministre ? Ou les premiers comme candidat à la présidence de la République ? Le fait est que les ultimes déplacements du chef du gouvernement ces jours derniers n’ont pas été sans liens avec la santé. Vendredi, Manuel Valls était à Nancy pour présider le comité interministériel aux handicapés. Occasion pour celui-ci d’annoncer un renforcement de l’offre médico-sociale et en établissement. Retour à Évry le lendemain samedi pour célébrer la France bénévole et généreuse du Téléthon…
Il se place en garant du modèle social français
Lors de sa longue déclaration de candidature à la présidentielle lundi après-midi à Evry, Manuel Valls -qui quitte mardi Matignon- s'est d'ailleurs présenté comme un garant des droits sociaux face aux programmes de la droite. Il s'est félicité d'avoir participé à des "réformes essentielles" en matière de protection sociale et a brandi le risque de déremboursements de médicaments comme une menace pour les plus nécessiteux. "Je ne veux pas qu'on casse notre sécurité sociale, l'hôpital public", s'est-il notamment exclamé, volontaire et offensif.
En près de trois ans à Matignon, Manuel Valls n’a pourtant pas été, tous comptes faits, si interventionniste sur la santé, sauf quand les circonstances l’ont exigé. Marisol Touraine n’aura d’ailleurs pas vraiment pu compter sur lui lorsqu’elle a tenté en vain de s’opposer aux lobbies alcooliers réclamant l’assouplissement de la publicité pour l’œnotourisme… En revanche, la ministre de la Santé a pu s’appuyer sur le premier ministre lors de la crise avec les professions libérales de santé. Ce dernier ne manquant jamais de marquer publiquement son soutien au chantier du tiers payant généralisé et d’une manière générale à la loi de santé, que ce soit face aux professionnels de santé ou devant les députés.
Une "grande conférence" boudée par les libéraux
En mars 2015, pressentant le danger, alors que les libéraux de santé organisaient quelques jours plus tard une manifestation pour protester contre la réforme Touraine, Manuel Valls annonce d’ailleurs la tenue d’une « grande conférence de santé », a priori à l’automne. Dans la foulée, les représentants des blouses blanches seront reçus trois jours plus tard à Matignon. C’est le début d’un processus de concertation un peu tardif, mais qui ne convainc guère ses visiteurs.
Qu’importe, Valls les revoit une nouvelle fois en juin 2015 pour lancer le processus de préparation de sa « grande conférence ». Ces réunions préparatoires seront largement boycottées par les libéraux de santé, qui, pour la plupart, ne se rendront pas non plus à la « Grande Conférence » finalement convoquée le 11 février 2016, une fois l’encre de la loi de santé complètement sèche. A cette occasion, le chef du gouvernement accorde un entretien au Généraliste dans lequel il joue la carte des jeunes qui eux ne boudent pas son rendez-vous : « Les étudiants en santé et les jeunes installés appellent de leurs vœux des changements profonds afin d’être mieux préparés à la réalité de l’exercice quotidien. Ils vivent avec les nouvelles technologies, ils souhaitent exercer dans des maisons de santé pluridisciplinaires, mieux concilier vie professionnelle et vie privée, être plus mobiles, » explique-t-il alors.
Lors de cette « conférence », Manuel Valls tentera, une fois encore, de tendre la main aux médecins, mais sur des sujets qui ne recouperont ni les mesures incluses dans la loi Touraine, ni celles à discuter au menu des négociations sur la future convention médicale. Au final, le premier ministre annonce des retouches sur le numerus clausus, un coup de pouce sur la protection maternité des femmes médecins et la piste de la « reconversion », poussée par l’Ordre, mais pas vraiment du goût des syndicats de médecins libéraux.
Sur le terrain avec Marisol Touraine
Qu’importe si les porte-parole officiels des médecins de ville ne se laissent pas séduire. Le premier ministre joue l'Ordre en se rendant à son congrès, mais aussi le terrain. Car Manuel Valls – généralement accompagné de Marisol Touraine- aura aussi été à la rencontre des professionnels de santé. En mai 2015, il célèbre l’excellence de la recherche française en inaugurant à Lyon l'extension du laboratoire P4 Inserm/Jean-Mérieux. Plus récemment, on l’a vu en juin dernier devant l’entrée de l’hôpital Necker vandalisée par des casseurs en marge de l’une des nombreuses manifestations contre la loi Travail. Et il a aussi visité plusieurs maisons de santé pluriprofessionnelles, comme en mars 2015 dans le 10e arrondissement de Paris ou en mai 2016 en Ardèche. Occasion à chaque fois de faire état d’objectifs volontaristes pour développer ce mode d’exercice.
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