Ce jeudi midi, rendez-vous était donné aux syndicats à Matignon. Concocté par Manuel Valls, le menu du jour proposait d’aborder rapidement le projet de loi de santé pour se concentrer davantage sur la conférence de la santé. Étudiants, internes, assistants et chefs de clinique ainsi que médecins libéraux ont participé à cette réunion, tout comme Marisol Touraine. L’occasion pour le chef du gouvernement d’apporter à nouveau son « soutien absolu » et sa « solidarité » à la ministre de la Santé, tout en montrant un intérêt soudain pour les dossiers de cette dernière... Affirmant que « le gouvernement reste à l’écoute des professionnels » de santé, Manuel Valls a toutefois exclu tout retrait ou report de l’examen du projet de loi santé. « Le texte santé discuté continuera à l’être à l’Assemblée, notamment à partir du 31 mars », a-t-il ainsi indiqué. Il a cependant proposé aux syndicats de « faire un point d’étape après la première lecture à l’Assemblée nationale » du projet, ajoutant que « les médecins peuvent, doivent avoir confiance dans le gouvernement ».
Selon le premier ministre, l’exécutif tient compte des inquiétudes des professionnels et en veut pour preuve la tenue d’une conférence sur la santé, « à l’automne ou en 2016 ». Il s’agit, en d’autres termes, de prolonger la réflexion sur le système de soins au-delà de la loi santé. Deux thèmes devraient être abordés dans ce cadre, « l’avenir du métier médical et paramédical » (formation, compétences partagées) et « l’exercice du métier » (modes d’installation, modalités de coopération interprofessionnelles, modes de rémunération).
"Le malaise va perdurer" comme "la bataille parlementaire"
Des propositions qui ne correspondent toutefois « pas à ce qui s’est exprimé dimanche » selon le présidnet de la CSMF. De l’avis de Jean-Paul Ortiz, « le malaise va perdurer » comme « la bataille parlementaire ». Pour le président de la CSMF, la proposition du Premier ministre constitue « une insulte à tous les médecins de terrain » et un signe « de mépris à l’égard du métier ».
Cette rencontre à Matignon a également laissé une impression de perte de temps, d’agenda à contre-courant. « C’est étonnant de voir le gouvernement dire qu’il va refaire ce qu’il a déjà fait avec la stratégie nationale de santé », s’est exclamé Claude Leicher. « Manuel Valls a à la fois raison et c’est en même temps énervant de repartir pour ça », s’impatiente le président de MG France pour qui cette conférence pourrait être une façon de reprendre certains des travaux issus de la concertation. À commencer, peut-être, par deux conclusions du rapport de Pierre-Louis Druais, pilote du groupe de travail sur la médecine générale : la définition, dans l’ONDAM, d’un fonds d’investissement pour les soins primaires et la création, au sein du ministère, d’une direction dédiée à de tels soins.
« Je lui ai dit qu’on a déjà perdu 3 ans », indique Jean-Paul Hamon, « et qu’il s’agissait désormais de ne pas en perdre deux de plus ». Rappelant les derniers projets similaires à cette conférence (Etats généraux de la santé, stratégie nationale de Santé...), il souligne que « tout ça n’a débouché sur rien ». Craignant que « cette conférence s’étire », le président de la FMF plaide pour « des mesures concrètes, applicables immédiatement ». Pour Éric Henry, cette rencontre n’était ni plus ni moins qu’une opération de séduction et voit cette conférence comme « ne menant nul part, qui arrive trop tard ». « On en ressort plus conforté que jamais qu’il va falloir réenclencher la bataille contre la loi de santé ».
Grève du jour et à venir
Les généralistes étaient aussi appelés, jeudi, à fermer leurs cabinets. MG France avait en effet lancé une nouvelle journée d’action pour alerter sur les conditions d’exercice de la spécialité. Alors que le syndicat était considéré comme le moins opposé au tiers payant, il refuse aujourd’hui le dispositif « inacceptable et inapplicable » proposé par le gouvernement. « Le système impose aux professionnels de faire quatre vérifications » avant de pouvoir procéder au tiers payant, regrette Claude Leicher. Même s’il est conscient d’une certaine « discontinuité d’actions », il assure qu’ « on n’a pas épuisé tous les mots d’ordre ». Et d’assurer qu’une grève unitaire est possible « selon les modifications au tiers payant ». La prochaine date pourrait être le 31 mars, la CSFMF appelle en effet à une nouvelle grève en ce jour d’arrivée du projet de loi dans l’hémicycle. D’ici là, les internes seront, eux aussi, de retour dans la rue. Près de 200 internes lyonnais ont ainsi voté une grève totale les 25, 26 et 27 mars prochains. Ils pourraient être suivis par les étudiants de Poitiers. Rien ne dit que les autres internats ne suivent pas le mouvement.
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