Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, un collectif de médecins dénonce l'absence de mesures de prévention contre la consommation d'alcool dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en préparation.
Le texte prévoit la création d'un fonds de lutte contre les addictions liées aux substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis…) en lieu et place du fonds actuel de lutte contre le tabac. Ce fonds géré par l'assurance maladie sera doté de nouvelles ressources « correspondant au produit des amendes forfaitaires sanctionnant la consommation de cannabis » soit 10 millions d'euros en 2019.
Taxer plus fortement l'alcool
« Effet d'annonce sans commune mesure avec la dimension du problème », s'insurgent les signataires dont le Pr Michel Reynaud, le Pr Amine Benyamina, le Pr Gérard Dubois, le Pr Serge Hercberg, le Pr Albert Hirsch ainsi que le président et vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (AANPAA) le Pr Nicolas Simon et le Dr Bernard Basset.
Selon eux, « taxer plus fortement l'alcool est indispensable pour financer la prévention et les soins et surtout pour réduire sa consommation, notamment celle des plus jeunes » comme l'a montré la lutte contre le tabac. « Les excellents résultats obtenus en matière de lutte contre le tabac (1 million de fumeurs en moins en un an) grâce à la hausse du prix du tabac, montrent pourtant la voie à suivre car ils confirment l'efficacité des mesures de taxation et de contrôle du marketing », écrivent-ils.
Discussion picrocholine avec les alcooliers
Comme ils l'avaient déjà fait au mois de juillet dernier, ils s'indignent de la participation des alcooliers. « Le grand plan de prévention de l’alcoolisme du Gouvernement se résume aujourd’hui à une discussion picrocholine sur la taille en millimètres du pictogramme pour les femmes enceintes », estiment-ils dénonçant une « négociation dérisoire avec les lobbies alcooliers ».
Le constat est le même : 49 000 morts annuelles directement causées par la consommation d'alcool qui reste la première cause de mortalité chez les 15-30 ans, la deuxième cause de cancers, la première cause de démence précoce et la première cause de retard mental évitable de l'enfant (né d'une femme qui buvait pendant la grossesse). L'alcool est aussi impliqué dans plus de la moitié des violences faites aux femmes et aux enfants. Les experts évaluent à 120 milliards le coût social de l'alcool.
Dans leur lettre à la ministre de la Santé, les acteurs de la prévention demandent que soient immédiatement intégrées au budget de la sécurité sociale : une taxe sur les boissons alcoolisées proportionnelle aux degrés d'alcool destinée à « financer les soins » ; une taxe sur les dépenses de publicité, y compris sur internet - pour financer la prévention.
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