Santé publique France (SPF) lance une première campagne de prévention sur le risque d'addiction aux paris en ligne, « Parier, c’est pas rien », à quelques semaines du lancement de la Coupe du monde de football.
Le jeu d'argent et de hasard est une pratique commune en population générale : 47,2 % chez les 18 à 75 ans selon le baromètre santé 2019. Si la tendance est à la diminution depuis 2014 (57,2 %), dans le même temps, le jeu problématique a gagné en importance. Entre 2014 et 2019, la prévalence des pratiques de jeu à risque modéré est passée de 3,8 % à 4,4 % et celle du jeu excessif de 0,8 % à 1,6 %.
Or, ce sont précisément les paris sportifs qui portent cette augmentation, dans la mesure. La part des parieurs en ligne à risque modéré est trois fois plus importante que pour les jeux de loterie et la part des joueurs excessifs six fois plus élevée. Autre point d'inquiétude, près de 50 % des parieurs en ligne ont entre 18 et 25 ans.
Lutter contre la distorsion des attentes
La campagne de SPF, diffusée jusqu’au 22 novembre, a pour but de sensibiliser les joueurs et leur entourage aux risques liés à une pratique problématique. Dans une métaanalyse publiée en 2014, les psychologues de l'université de Sydney avaient mis en évidence des attentes distordues concernant les risques et les gains potentiels des jeux d'argent. Selon les données de 16 études, les joueurs problématiques, malgré des expériences négatives répétées, ont tendance à mettre une emphase plus importante sur les résultats positifs que sur les résultats négatifs. « Chez les parieurs sportifs, ce phénomène s’avère davantage marqué », alerte SPF.
La bascule vers le jeu problématique commence souvent par un gain, puis la perte, l’espoir de se refaire et l’escalade vers des pertes financières de plus en plus importantes entraînant situation de surendettement, conflits familiaux, difficultés psychologiques et sociales. Les promoteurs de la campagne espèrent déconstruire les idées reçues sur les paris sportifs à travers une « émission débat » en format audio dans laquelle Mohamed Bouhafsi, journaliste sportif, et Laurent Karila, addictologue, décryptent la problématique des paris sportifs dans un format dynamique et spontané, animé par le comédien Fred Testot. Plusieurs thématiques sont abordées comme le poids des opérateurs de jeux, leurs techniques marketing, le caractère addictif des paris sportifs, ainsi que les mécanismes et les conséquences de l’addiction. Des capsules vidéos diffusées en digital, viennent compléter le dispositif d’information et seront diffusées quelques jours après le démarrage de la campagne.
Un accent sera mis pour communiquer autour du dispositif d'aide à distance Joueurs info service (1) qui propose une aide et une écoute personnalisées, des informations spécialisées, des forums de discussion et un chat collectif d'entraide ainsi qu'un annuaire des quelque 3 000 structures compétentes dans la prise en charge de l'addiction au jeu. En 2021, parmi les 3 635 demandes d’aide et d’information traitées par le dispositif, 65 % provenaient des usagers, 32 % de l’entourage, 3 % des professionnels et du grand public. Près de la moitié de ces sollicitations concernait les paris sportifs.
Des coaddictions fréquentes
Il existe par ailleurs un lien entre jeu pathologique et troubles mentaux, qu'ont décrit plusieurs études en population générale. Les joueurs pathologiques présentent une prévalence de troubles anxieux 4 fois supérieure, comparée à la population générale, un risque de trouble de l'humeur multiplié par 4,4, et un risque d’épisode maniaque multiplié par 8,8. De plus, les joueurs pathologiques sont fréquemment polyconsommateurs, avec de fortes prévalences de tabagisme et d’abus d’alcool.
La campagne va tenter de contrebalancer la forte présence des opérateurs de jeu dans le quotidien des jeunes (sponsoring, publicités, émissions, sites et applications dédiés aux parieurs). Lors de l’Euro 2021, le montant des mises en ligne a atteint 434 millions d’euros, soit 3 fois plus que lors de l’Euro 2016 (141 millions euros).
(1) Avec une ligne téléphonique, 09.74.75.13.13, accessible 7jours/7 de 8 heures à 2 heures du matin, anonyme et non surtaxée.
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