Depuis 2014, la part de Français s'adonnant régulièrement aux jeux d'argent et de hasard a diminué, mais le pourcentage de joueurs à risque et excessifs se maintient dans la population et les sommes misées augmentent. Ce constat inquiète, sept mois après la privatisation de la Française des jeux.
Ces chiffres proviennent de l’observation des pratiques de jeux d’argent et de hasard mis en place en 2010, au moment de l'autorisation du jeu en ligne. Les compétences de ce dernier seront transférées à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) le premier juillet 2020. C'est dans ce contexte que ces données sont publiées dans la revue Tendances de l'OFDT.
Des dépenses en hausse, supportées par une minorité
Lors du précédent exercice, il a été constaté une hausse de la pratique des jeux d'argent et de hasard parmi les adultes (18-75 ans) entre 2010 et 2014, avec une part des joueurs dans l’année passée de 46,4 à 57,2 %. Depuis 2014, la tendance semble s'inverser puisque, selon la nouvelle édition du baromètre de Santé publique France, menée auprès d’un échantillon représentatif de 9 611 352 Français âgés de 18 à 75 ans, seulement 47,2 % des Français âgés de 18 à 75 ans déclarent avoir joué au moins au cours de l’année écoulée.
Cette apparente amélioration ne masque pas le fait que les dépenses de jeux ont augmenté en France de 12,5 % ces 5 dernières années, selon les données d’activité des opérateurs. Parmi les joueurs déclarés dans l’année, un joueur sur quatre joue au moins une fois par semaine, et la pratique quotidienne, qui se rencontre essentiellement parmi les joueurs de paris sportifs et de poker, ne concerne que 1,2 % des parieurs. La dépense médiane se situe autour de 72 euros dans l’année, mais il existe une minorité non négligeable de joueurs (environ 10 %) qui dépense plus de 1 000 euros par an.
« La concentration des dépenses sur un petit nombre de consommateurs est extrêmement marquée dans le domaine des jeux d’argent : 82,8 % de la dépense totale est concentrée sur 10 % des joueurs et plus de la moitié sur seulement 1 % des joueurs », insistent les auteurs. Cela représente environ 1 million de Français à risque modéré et 370 000 joueurs excessifs.
Les hommes jeunes de milieu modeste, une catégorie à risque
Ces prévalences sont stables depuis 2014, mais la baisse globale de la pratique du jeu d'argent et de hasard indique qu'une partie des joueurs modérés ont pu évoluer en jeu excessif. « Certains facteurs sociodémographiques ainsi que la nature des activités de jeu pratiquées peuvent être liés à un risque accru de survenue de comportement de jeu à risque ou de jeu excessif », estiment les auteurs, pour qui les hommes jeunes appartenant à des milieux sociaux modestes constituent la catégorie la plus à risque. Sur le plan professionnel, les joueurs problématiques sont moins actifs que l’ensemble des joueurs et plus fréquemment chômeurs.
De nouvelles enquêtes sont prévues par l'OFDT pour couvrir certains angles morts de cette étude, à commencer par la pratique du jeu d'argent par les adolescents, théoriquement interdite. Les jeux d’argent représentaient, en France, un marché de 10,4 milliards d’euros en 2017.
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