« En France on ne considère pas le tabagisme comme une maladie, mais comme un comportement », a dit Anne Borgne, la présidente du réseau, pour expliquer la difficulté à infléchir la consommation.
Les généralistes (mais aussi les gynécologues et les sages-femmes) sont en première ligne pour repérer les patients qui n’ont pas spontanément de demande à l’égard du tabac. La Haute autorité de santé (HAS) a publié des recommandations en janvier 2014 qui préconisent le dépistage systématique par tous les professionnels de santé pour ne plus passer à côté de personnes ambivalentes. « Cela passe par une question, quel que soit le motif de consultation : " fumez-vous" ? », décrit Estelle Lavie, chef de projet à la HAS.
Une boîte à outils simple pour les professionnels
Le tabagisme passif doit aussi être abordé et les périodes comme la jeunesse, la grossesse, et le post-partum, ne doivent pas être négligées.
À la place du « conseil minimal », recommandé en 2003 par l’AFSSAPS (une brochure transmise au patient), la HAS suggère aux médecins d’inciter le patient à arrêter, en l’accompagnant : « il est important pour vous que vous arrêtiez de fumer. Et je peux vous aider ». Le professionnel doit ensuite adapter son attitude à son patient, renforcer sa motivation (soutien psychologique, tabac info service), lui proposer des traitements nicotiniques de substitution aussi longtemps que nécessaire, et en cas de rechute, mettre en place des stratégies issues des thérapies cognitivo-comportementales. Autre nouveauté, la HAS introduit la réduction des risques avec la mise en place d’un objectif de réduction de la consommation. Quant à la cigarette électronique, en raison du manque de données, la HAS ne la recommande pas dans le sevrage mais préconise aux médecins d’accompagner les vapoteurs ou de l’inscrire dans un objectif d’arrêt. « Ces recommandations sont un guide pratique, une boîte à outils très simple, qui tient compte du manque de temps des médecins », assure Estelle Lavie.
Du temps pour les jeunes
Prévenir la consommation de tabac reste une gageure, alors que le tabagisme quotidien a augmenté de 28,9 à 31, 5 % entre 2008 et 2011 (sans pour autant atteindre les 33 % de 2005).
« On est tous sollicité pour parler deux heures dans les écoles. Mais s’il n’existe pas de projet global de prévention, ça ne sert à rien. Il faut du long terme », a estimé la présidente du Respadd.
En Belgique, le service de prévention FARES (pour fonds des affections respiratoires) a développé une stratégie reposant sur des espaces de dialogue, au contraire d’animations ponctuelles sur le risque. Les membres de l’association organisent plusieurs réunions de préparation avec les professionnels en amont. « Le but est que les adolescents prennent du recul par rapport à leurs motivations, qu’ils discutent avec leurs pairs, qu’ils explorent les enjeux profonds (difficultés scolaires, familiales...), qu’ils renforcent leur connaissance des services d’aide », détaille Hernando Rebolledo. Au-delà, cette stratégie permet d’aborder les questions plus générales sur les consommations à risque, et de développer la communication au sein de l’école, entre les professionnels et les jeunes. « Il faut éviter de stigmatiser le fumeur, d’utiliser la peur, d’adopter une attitude moralisation, ou de focaliser prématurément sur le sevrage », poursuit-il.
En France, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES) s’oriente aussi vers du temps long. Il a notamment développé, à partir d’une campagne lancée en 2010, l’outil d’intervention« Attraction- le manga » pour dénormaliser la cigarette auprès des jeunes. Mis à disposition de tous les professionnels en lien avec les jeunes, il a pour objectif de prévenir la consommation et d’inciter à l’arrêt en déjouant les ruses de l’industrie du tabac.
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