Une bronchiolite oblitérante possiblement due à un composé des liquides de e-cigarette, notamment le diacétyle : c'est le diagnostic retenu pour l'affection pulmonaire qui a mis en jeu le pronostic vital d'un jeune Canadien de 17 ans vapoteur, est-il rapporté dans le « CMAJ », le journal de l'association médicale canadienne.
Ce cas clinique est particulièrement intéressant, car les lésions pulmonaires liées à la e-cigarette observées ici, au niveau des bronchioles, sont très différentes de celles décrites dans les alvéoles aux États-Unis.
D'après les centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC), plus de 2 172 cas d'EVALI (pour pneumopathies liées à l'utilisation de produits de cigarettes électroniques ou de vapotage) et 42 décès ont été signalés à la date du 19 novembre sur le territoire américain. Le Canada semble relativement épargné avec huit malades recensés.
Jusque-là, l'atteinte pulmonaire au niveau des alvéoles était évocatrice de brûlures chimiques dans de nombreux cas. Les enquêteurs fédéraux ont mis en cause une huile de vitamine E, ajoutée dans des liquides de e-cigarette, très souvent au cannabis.
Un cas ressemblant à ceux décrits dans une usine de popcorn
Ici, l'équipe coordonnée par Karen Bosma et Simon Landman de la Western University à London dans l'Ontario explique que l'atteinte ressemble à celle observée par le passé dans une usine de popcorn micro-ondable. Les ouvriers avaient inhalé accidentellement du diacétyle, un composé omniprésent dans les liquides de e-cigarette. Aucun cas associé au diacétyle contenu dans les liquides de e-cigarette n'avait été décrit avant cette publication.
Les médecins canadiens décrivent que le jeune homme s'est présenté aux urgences pour une toux très intense, une dyspnée progressive et un malaise après un vapotage particulièrement intense incluant des produits à base de cannabis.
L'examen clinique a retrouvé une fièvre, une tachycardie, une hypoxémie et des crépitants des deux bases. Quant à l'imagerie, la tomodensitométrie (TDM) a révélé des nodules dits en « arbres en bourgeon », compatibles avec une bronchiolite aiguë. La mise en culture de prélèvements de deux lavages broncho-alvéolaires et de biopsies est revenue négative pour une infection.
Une double greffe pulmonaire échappée de justesse
Après une antibiothérapie initiale inefficace, le jeune homme a dû rapidement être intubé et ventilé mécaniquement, avec un recours à l'oxygénation par membrane extra-corporelle (ECMO) en raison d'une hypercapnie réfractaire. L'état respiratoire était si inquiétant qu'une double greffe pulmonaire a été envisagée, avant que le patient finisse par s'améliorer avec de fortes doses de corticoïdes. Après 47 jours d'hospitalisation, il a pu rentrer à domicile. Néanmoins, plusieurs mois après sa sortie, le jeune homme présentait des séquelles avec une intolérance à l'effort et une obstruction bronchique.
Les auteurs pointent du doigt l'inhalation d'agents contenus dans les liquides, notamment le diacétyle, tout en admettant que « le mécanisme exact de la lésion et de l'agent causal est inconnu ». Les médecins canadiens soulignent que l'on est loin d'être certains de l'innocuité des ingrédients des cigarettes électroniques, au-delà de la vitamine E, et listent une quinzaine de composés potentiellement à risque, incluant le diacétyle, mais aussi les additifs riches en huiles, les traces de métaux, des composés volatiles ou encore des contaminants infectieux.
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