C’est sous les yeux attentifs du ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran qu’a été faite ce vendredi la première prescription de cannabis thérapeutique dans le cadre de l’expérimentation nationale coordonnée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
À tout seigneur tout honneur, c’est le Pr Nicolas Authier, qui a dirigé pendant plus de deux ans le comité scientifique spécialisé temporaire à l’origine de l’expérimentation, qui a rempli cette première prescription dans le service de pharmacologie médicale qu’il dirige au CHU de Clermont-Ferrand.
Un patient représentatif
Le premier patient inclus est représentatif du profil des personnes qui entreront dans l’expérimentation. Atteint de paralysie des membres supérieurs et inférieurs consécutive à une lésion médullaire, il souffre de douleurs neuropathiques depuis plusieurs années, réfractaires aux traitements de 1re et 2e intentions : antidépresseur, tramadol et anti-épileptique.
« Nous avons vérifié l’absence de contre-indication : pas d’antécédent cardiovasculaire, psychotique ou d’insuffisance hépatique », explique au « Quotidien » le Pr Authier. Le patient a été adressé au CHU de Clermont-Ferrand par son neurologue hospitalier et le suivi sera en partie assuré par le réseau de soins primaires. « Nous avons contacté son médecin généraliste et son pharmacien d’officine, précise le Pr Authier. Le pharmacien a accepté de se former et nous sommes en discussion avec son médecin généraliste ». Comme prévu dans le protocole, le patient sera suivi tous les mois en ville et bénéficiera d’une consultation plus longue tous les 6 mois visant à évaluer plus précisément, à l'aide d'échelles de douleurs, les effets du traitement, une huile à dominante de cannabidiol (CBD).
Des places comptées
Le Pr Authier constate une forte demande de la part des patients et des praticiens dans sa région. « Il y a peu de places, seulement 12 ou 13 pourront être suivis en simultané dans notre centre expert, explique-t-il. On prend en ce moment le temps pour expliquer pourquoi on ne peut pas inclure tout le monde ou, en tout cas, pas tout de suite. Il y aura une liste d’attente qui va se mettre en place ».
Certains patients consommaient du cannabis avant leur inclusion et l’arrêt de cette consommation n’est pas un prérequis pour se voir prescrire une formulation de cannabis thérapeutique. « L’entrée dans l’expérimentation est d’ailleurs une bonne occasion de regarder la consommation personnelle qui doit normalement diminuer à mesure qu’elle est replacée par le cannabis thérapeutique », explique le Pr Authier.
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