› Interview du Pr Frédéric De Blay,
Responsable du pôle de pathologie thoracique, NHC, hôpitaux universitaires de Strasbourg
Pourquoi mener une enquête allergologique chez un patient asthmatique ?
Le bilan allergologique repose sur un trépied : interrogatoire, recherche des IgE et corrélation entre les symptômes et la réalité d’exposition.L’histoire clinique évocatrice est la description, par le patient, de symptômes compatibles avec un mécanisme connu pour être IgE-dépendant – rhinite, conjonctivite, voire allergie alimentaire –, les symptômes survenant dans les six heures suivant l’exposition à l’allergène. En cas d’allergie, il y a le plus souvent une unité de lieu, de temps et d’action (déclenchement d’une crise d’asthme après avoir caressé un chat ou tous les ans en avril, par exemple).
L’atteinte multi-organique est très fréquente : 80 % des patients asthmatiques souffrent de rhinite et, inversement, 50 % des patients ayant une rhinite sont asthmatiques.
Des antécédents d’atopie sont le plus souvent retrouvés chez les patients asthmatiques.
Doit-on être obligatoirement allergologue pour rechercher une origine allergique ?
En France, les allergologues sont principalement des pneumologues (2/3) et des médecins généralistes (un peu moins d’1/3). Les autres sont des ORL, des pédiatres et des dermatologues. Pour faire un diagnostic en allergologie, il faut être formé dans cette discipline ; sinon, il faut se faire aider par un spécialiste pour établir le diagnostic d’allergie.Chez un patient asthmatique, quels examens biologiques faut-il pratiquer, quels pneumallergènes tester en routine ?
En première intention, il faut pratiquer des tests cutanés ou prick tests à la recherche de l’allergène en cause. L’allergie va déclencher en 15 minutes une réaction sous forme d’un œdème, d’un prurit et d’une rougeur au site d’application de l’allergène en cause.
En routine, il existe une batterie standard d’allergènes à tester, qui regroupe 90 % des pneumallergènes de l’enfant et 75 % de ceux de l’adulte : acariens, allergènes du chat et du chien, pollens et quelques moisissures.
En cas de discordance entre l’histoire clinique et les tests cutanés, il faudra doser les IgE circulantes (examen de 2e intention).
Cette corrélation doit être systématiquement recherchée pour poser le diagnostic d’allergie : par exemple, un patient marseillais qui a de l’asthme au mois d’avril avec un test cutané positif au pollen de bouleau n’a pas d’asthme allergique à ce pollen car il n’y a pas de concordance entre les symptômes et la réalité de l’exposition (pas de pollen de bouleau en avril à Marseille). Le diagnostic d’allergie ne peut donc en aucun cas être porté sur un seul test cutané positif.
Si le bilan allergologique s’avère positif, quelle est la conduite à tenir ?
La conduite à tenir est variable en fonction de l’allergène en cause.Les acariens sont les premiers pourvoyeurs d’asthme, notamment sévère.
Pour l’éviction de ces allergènes, des conseillers médicaux en environnement intérieur peuvent être très utiles et un traitement sera prescrit simultanément. En l’absence d’amélioration après 3 à 6 mois, la désensibilisation permettra de réduire les exacerbations d’asthme.
Pour les allergènes des chats et des chiens, seul un traitement peut être prescrit car la désensibilisation est discutée et la séparation avec l’animal est rarement acceptée.
Pour les moisissures, il faut essayer de supprimer les sources favorisant leur formation, prescrire un traitement et tenter la désensibilisation.
Les pollens ne peuvent être évités : la prise en charge relève du traitement et de la désensibilisation.
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