Les photodermatoses sont des dermatoses avec photosensibilité, définie par une sensibilité exagérée et anormale à la lumière. Cette photosensibilité doit être différenciée de la photosensibilisation, qui correspond à l'ensemble des phénomènes pathologiques liés à la rencontre au niveau cutané d'une substance photosensibilisante et d'une longueur d'onde efficace.
Les manifestations cutanées aiguës ou chroniques sont liées directement ou indirectement à l'exposition solaire. Elles répondent à des mécanismes variables. La phototoxicité est la conséquence directe de la présence dans la peau d'une substance photosensibilisante qui, exposée à une irradiation lumineuse définie, entraîne une réaction photochimique cutanée, comparable à la dermite d'irritation. La photo-allergie, plus rare, implique une réponse immunitaire du patient à un photo-antigène formé dans la peau après irradiation lumineuse. Elle nécessite une sensibilisation préalable et ne survient que chez certains sujets prédisposés.
Clinique puis exploration photobiologique
Le diagnostic de photodermatose est fondé sur la clinique (1, 2). L'interrogatoire permet d'établir l'histoire clinique de la photosensibilité, le recueil des prises médicamenteuses au long cours et des facteurs contacts. La topographie des lésions précise la photodistribution avec respect des zones d'ombre physiologiques (paupières, triangle sous-mentonnier).
L'exploration photobiologique est essentielle dans l'investigation des photodermatoses, même si ses résultats sont négatifs (3). Elle nécessite un matériel spécifique et une méthodologie standardisée sur 4 jours consécutifs. Les objectifs de l'exploration photobiologique sont multiples : évaluer la photosensibilité du patient en déterminant les doses érythémateuses minimales (DEM UVB et DEM UVA), reproduire les lésions des photodermatoses avec l'irradiation ultraviolette seule (phototests), identifier une substance photosensibilisante exogène avec irradiation UV et l'agent photosensibilisant (photopatch tests), et de déterminer le spectre d'action d'une urticaire solaire puis la dose minimale urticarienne.
Les photodermatoses peuvent être classées en différents groupes : déficiences génétiques d'un des moyens de photoprotection naturels (albinisme, vitiligo, xeroderma pigmentosum), dermatoses photoaggravées (lupus érythémateux cutané, dermatomyosite, herpès récurrent, rosacée, chloasma…), dermatoses par photosensibilisation, le chromophore pouvant être endogène (porphyries, pellagre) ou exogène (médicament, contact). Enfin, les photodermatoses idiopathiques sont des affections liées à un chromophore endogène non identifié avec différentes entités.
La plus fréquente des photodermatoses idiopathique est la lucite estivale bénigne. L'urticaire solaire est rare. La dermatite actinique chronique est la plus grave des lucites, et son traitement est délicat. L'éruption juvénile printanière est à rapprocher de la lucite polymorphe. Le prurigo actinique concerne des populations géographiquement très éloignées mais relève d'une susceptibilité génétique commune. Il a été montré que l'hydroa vacciniforme est lié à une infection à virus Epstein-Barr.
Parmi les médicaments et substances pouvant être à l'origine d'une photodermatose, les antimicrobiens topiques, les parfums, les filtres solaires, les AINS (particulièrement le kétoprofène en application locale), des produits utilisés en psychiatrie (antidépresseurs tricycliques, carbamazépine, flupenthixol, phénothiazines, paroxétine), des antituberculeux (isoniazide et pyrazinamide), les hypolipémiants (fibrate, statines), les inhibiteurs calciques, les IEC, les diurétiques thiazidiques…, doivent être cités.
1. Peyron J. Approach to be taken when faced with photodermatosis. Rev Fr Allergol 2011: S7-S12.
2. Choi D, Kannan S, Lim HW. Evaluation of patients with photodermatoses. Dermatol Clin 2014; 32(3): 267-75, vii.
3. Marguery M. La réaction photoallergique: mécanisme d'apparition et technique d'exploration. Rev Fr Allergol 1998; 38(4): 394-400.
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