La prévalence des allergies a considérablement augmenté ces 30 dernières années dans les pays développés. Elle atteint en France 25 % pour la rhinite allergique, 8 à 10 % pour l’asthme, 15 à 20 % pour la dermatite atopique et à 2 % chez l’adulte et 3 à 5 % chez l’enfant pour l’allergie alimentaire.
« Les bonnes bactéries de notre peau et de nos muqueuses sont en symbiose avec celles de l’environnement, la diversité de la végétation et des animaux. Elles stimulent et assurent le bon fonctionnement du système immunitaire. En ville, l’appauvrissement de la diversité provoque un dysfonctionnement immunitaire responsable de perte de tolérance vis-à-vis de protéines anodines comme les pollens », note le Pr Jocelyne Just, allergologue à l’hôpital Trousseau et Présidente de la Société française d’allergologie. La théorie hygiéniste pointe l’impact de l’environnement et la perte du microbiome en ville. Elle est supportée par de multiples études épidémiologiques et expérimentales, notamment en Carélie du nord, où l’incidence des allergies est 2 à 6 fois plus élevée chez les finlandais au mode de vie occidental que chez les Russes d’origine génétique identique (1).
Moins de facteurs protecteurs et plus de facteurs amplificateurs
À la perte des facteurs protecteurs, s’ajoute la multiplication de facteurs amplificateurs de l’allergie. En 1er lieu, la pollution atmosphérique extérieure et intérieure. La pollution inhalée génère l’asthme, l’étude de cohorte néonatale prospective néerlandaise PIAMA le démontre (2). La pollution irrite, mais rend surtout les pollens plus allergisants et modifie l’immunité innée et adaptative, ce qui favorise les allergies respiratoires, alimentaires et cutanées. S’y ajoute le réchauffement climatique qui allonge la période de pollinisation, les perturbateurs endocriniens qui peuvent provoquer un dysfonctionnement immunitaire, mais aussi les nouvelles façons de s’alimenter.
La faible consommation de fruits et légumes et l’alimentation riche en graisse et sucres modifie le microbiome, favorise inflammation et allergies. « Les allergènes changent du fait de l’industrie alimentaire (conservateurs, farines élastiques enrichies en gluten…) et de modes alimentaires (fruits et légumes exotiques, régimes notamment Vegan qui font apparaître des allergies auparavant anecdotiques au soja et à certaines légumineuses) », rappelle le Pr Just. L’allergie est intimement liée à l’exposome (facteurs environnementaux auquel l’organisme est soumis) : allergènes, végétaux, animaux, endotoxines de la paroi des bactéries gram négatif, polluants, fumée de cigarette, mode de délivrance, type d’allaitement, âge de la diversification alimentaire, antibiothérapie etc.
Comment prévenir les allergies ? L’introduction précoce de l’arachide dans l’alimentation de l’enfant par rapport à une exposition tardive protège de l’allergie à l’arachide, l’étude prospective randomisée LEAP (3) l’a démontré. « L’allaitement maternel, la diversification alimentaire précoce (entre 4 et 6 mois) chez le nourrisson, la consommation de fruits et légumes protègent des allergies alimentaires. Chez les enfants atteints d’eczéma, reconstituer la barrière cutanée (par des émollients et corticoïdes) évite que les protéines alimentaires en contact avec la peau ou en suspension dans l’air traversent la peau et déclenchent des allergies alimentaires. Enfin, l’immunothérapie (désensibilisation) peut prévenir le passage d’une forme légère à sévère d’allergie », conclut le Pr Just.
(1) Seiskari T. et al.,Clin Exp Immunol. 2007;148(1):47-52
(2) Gehring U et al. Am J Respir Crit Care Med 2010;181:596-603
(3) Du Toit G. et al., NEJM 2015 ; 372/803-813
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