PAR LE Pr GÉRARD JANVIER*
LES TECHNOLOGIES de demain sont guidées par les progrès des sciences de la communication, de la miniaturisation et des inventions dans les domaines les plus variés de l’industrie.
Les implications en anesthésie-réanimation sont multiples et, dans la diversité des applications, deux concepts vont se développer, comme ils le sont dans l’environnement sociétal de notre époque : le numérique et la pensée unique. Ceux-ci, pris isolément, ont certainement beaucoup de pertinence, mais associés, ils peuvent avoir des effets très pervers et tout particulièrement dans l’inhibition des processus éducatifs de la pensée.
Par définition, les sciences médicales sont inexactes et le couplage de la pensée unique et du numérique peut totalement modifier l’esprit des personnels de santé. « Le protocole est respecté, le malade est décédé ! »
Il est donc indispensable, dans le domaine des nouvelles technologies, de ne pas oublier les réflexions et les interrogations que doivent, en permanence, se poser les professionnels de santé. Rien n’est définitivement établi et acquis ! Par éthique, le corps médical, et tout particulièrement les anesthésistes-réanimateurs, doit valider ses informations et surtout la congruence de ses données.
Cependant, dans le domaine de l’anesthésie-réanimation, de grandes évolutions sont à prévoir.
Tout d’abord, les dispositifs d’évaluation des procédures d’assistances par rapport à une implication thérapeutique :
– la prescription sécurisée des agents pharmacologiques spécifiques à l’anesthésie réanimation (narcotiques, analgésiques, curares) ;
– les dispositifs de validation des informations des monitorages (alarmes) ;
– les performances et les contrôles des techniques d’assistance extracorporelle ;
– les structures intelligentes susceptibles d’identifier les événements indésirables exceptionnels échappant à toute check-list ;
– les réglages automatiques et les performances, parfois non adaptées, des prothèses respiratoires ;
– les contraintes et l’intégration des différents paramètres hémodynamiques du remplissage vasculaire ;
– les contrôles et les évaluations de l’efficacité de certains agents à effet cardiocirculatoire majeur, comme les amines pressives ;
– une meilleure connaissance du milieu intérieur, des espaces interstitiels responsables et/ou entretenant de nombreux orages inflammatoires (la place des nouvelles technologies utilisant l’impédance pour définir le « body mass »).
À côté de ces dispositifs d’aide à la thérapeutique, il y a des technologies extrêmement prometteuses dans le domaine de la bio-nanotechnologie, de la miniaturisation des moniteurs, mais également dans la mise à disposition de la découverte physique dans la constitution de certains biomatériaux (la folie des polymères) : leur biocompatibilité, leur hémocompatibilité, leur biodéformabilité, leur dégradation, leurs capacités à gérer des échanges gazeux entre le milieu sang et le milieu gaz, etc.
Un troisième groupe d’innovations technologiques, très présent et utilisé dans notre discipline, est représenté par les techniques de transmission d’informations : les dossiers médicaux, les examens complémentaires, les prescriptions, les logiciels d’aide à la décision… Ces dispositifs de transmission d’informations peuvent même être pris en charge par les patients, dans des contextes d’évaluation du stress, de leurs passés médicaux…
Les laboratoires de simulation.
Et enfin, le quatrième groupe d’innovations technologiques semble trouver sa place actuellement dans nos structures universitaires, via les laboratoires de simulation, qui sont aptes à pouvoir identifier de nombreux cas cliniques sur des dispositifs mimant la pathologie concernée et apportant une approche très réelle de l’expérience médicale. Au niveau de l’anesthésie-réanimation, ce type de progrès permet d’homogénéiser les performances de certains gestes d’urgence et cas cliniques qui justifient des approches thérapeutiques aiguës, de simuler des actes anesthésiques…
Au total, les innovations à venir ne sont pas spécifiques à notre discipline, mais notre discipline est très demandeuse de tous ces processus. Malheureusement, cet excès d’éléments sécurisants, faisant appel à la technologie, n’apporte pas toujours des réponses aux questions que les professionnels de santé sont en droit de se poser par rapport aux besoins de leurs patients.
*PU-PH consultant, service d’anesthésie-réanimation II, université Bordeaux-Segalen,CHU de Bordeaux, groupe hospitalier Sud, Pessac.
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