Un accident de fulguration survenue chez cinq personnes en Ariège qui fait l’actualité est l’occasion de préciser la conduite à tenir pour éviter de recevoir la foudre et de faire le point sur les lésions. Une consultation multidisciplinaire destinée à accueillir les personnes ayant été foudroyées est en train de s’organiser au CHU de Toulouse pour préciser la sémiologie et les séquelles. A noter que deux autres consultations existent en France, l’une à Paris dans le service du Pr Jean Cabane, et l'autre pilotée par le Dr Gérard Besson au CHU de Grenoble.
Prévention
Pour se prémunir contre les effets de la foudre, il est important de surveiller la météo et d’être alerté par des prévisions d’orage. Mais il faut savoir que la foudre est assez imprévisible et que des foudroiements sans alerte ne sont pas exceptionnels. La conduite à tenir, quand on se trouve en situation d’orage, consiste à éviter de se placer sur des points surélevés, sous les arbres, de ne pas se mettre sous les abris métalliques (gare désaffectée, par exemple). Il est recommandé de se mettre accroupi en position fœtale sur une zone plane, en s’isolant du sol par un sac, si possible non humide. On peut se mettre dans une voiture, qui fait cage de Faraday, à condition de ne pas toucher les parties métalliques. Enfin, il faut éviter d’utiliser le téléphone, qu’il soit portable ou fixe.
Foudre et foudroiement
Les effets de la foudre sont extrêmement hétérogènes. Il peut y avoir un impact direct, entraînant le décès, ou un impact indirect, où la foudre tombe sur un objet (un arbre par exemple) et des courants secondaires vont traverser une personne se trouvant là.
Dans l’accident en relation avec l’actualité, la foudre a dû tomber sur un arbre et une partie du courant est passée par un câble métallique d’une tyrolienne. Le courant de la foudre emprunte tous les trajets possibles pour aller le plus vite possible à la masse.
Les effets du foudroiement sont eux aussi extrêmement variés. Les stigmates en feuille de fougère (figures de Lichtenberg), qui régressent en quelques heures, sont caractéristiques de l’électrisation et ne correspondent pas à des brûlures. Aussi caractéristique est une kérauno-paralysie temporaire (arrêt temporaire de la ventilation ou de la motricité des jambes) qui récupère. Une aide à la ventilation est parfois nécessaire pendant quelques minutes pour éviter le décès.
Des brûlures plus importantes, du deuxième degré, et plus étendues, peuvent aussi se rencontrer. Des pièces métalliques (collier, fermeture éclair) attirant le courant peuvent occasionner des brûlures localisées du troisième degré. Comme dans les brûlures électriques, des points d’entrée et de sortie punctiformes sont parfois repérables sur le corps, sans qu’ils laissent présumer des dégâts internes, qui peuvent être très importants. On peut voir des brûlures dites « par tension de pas », le courant étant passé d’un pied à l’autre. La foudre peut projeter les individus occasionnant des lésions dues à la chute.
Les accidents de fulguration chez les humains laissent des séquelles secondaires indubitables, mais mal étiquetées. Cela peut se manifester sous la forme de cauchemars, de douleurs résiduelles, de paresthésies, d’atteintes ORL, de troubles du rythme cardiaque, des kératites secondaires… Ces troubles ne sont pas actuellement pris en compte par les spécialistes.
Mieux comprendre et agir
Une consultation a vu le jour récemment au CHU de Toulouse (Dr Laguerre, avril 2012), pour recevoir les patients foudroyés, avec l’objectif de faire une sémiologie plus précise des atteintes et des séquelles du foudroiement, et d’élaborer une conduite à tenir. Cette consultation multicentrique fonctionne en relation avec le laboratoire du stress post-traumatique du CHU (Pr Philippe Birmes). Des correspondants sont recherchés à l’échelle nationale pour réunir les cas.
En France, il y a chaque année de 150 à 200 accidents dus à la foudre avec une quinzaine de morts. On ne connaît pas la proportion des cas graves ou bénins et des autopsies ne sont pas pratiquées. Les informations manquent donc autant sur l’étendue et le type des lésions que sur les causes précises des décès, même si on les connaît dans un certain nombre de cas. La question de l’indemnisation des patients par les assurances reste non résolue.
Il manque donc des travaux sur des grandes séries. La consultation multicentrique sur les accidents du foudroiement va permettre d’y remédier.
Article rédigé avec la coopération du Dr J. Laguerre, qui dirige l’Unité des brûlés adultes au CHU de Toulouse, également co-auteur de la publication « Kéraunopathologie en direct et en différé » (Christian VIRENQUE, Christophe ARBUS, Philippe BIRMES, Jacky LAGUERRE) parue dans Urgence Pratique n° 113, juillet 2012.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024