« DÈS 2004, nous disions que beaucoup de cancers trouvaient leur origine dans le fœtus, sous l’effet des dégradations physiques, chimiques et biologiques de notre environnement, désormais, nous en avons la confirmation » avance Dominique Belpomme, cancérologue et président de l’ARTAC. Et les enfants seraient les plus vulnérables. Selon des données internationales (dont certaines en provenance de l’OMS), citées par l’association, « il y a depuis environ 30 ans, chaque année, 1 % en plus d’enfant atteints de cancer ou de leucémie ». À la clef, c’est « l’implosion de notre sécurité sociale sous la pression de l’augmentation des maladies chroniques », a prédit le Pr Belpomme, lors d’une conférence de presse. La réponse politique ne doit donc pas se faire attendre. D’autant plus que les causes sont à chercher du côté de la dégradation de notre environnement.
« Nous sommes en présence d’un changement épidémiologique : depuis une trentaine d’années, les maladies aiguës, dues à des causes exogènes, tendent à disparaître, mais les maladies chroniques explosent », explique Ernesto Burgio, pédiatre. Le médecin italien se fonde ainsi sur une théorie américaine faisant du fœtus l’origine des maladies décelées à l’âge adulte. En cause, moins l’ADN et la transmission génétique que, selon lui, les mécanismes épigénétiques, altérés par l’environnement.
Indifférence politique
« Nous ne pouvons pas attendre des années pour obtenir des réponses, il faut un changement immédiat », exige Genon Jensen, directrice exécutrice de l’Alliance pour la santé et l’environnement. « Nous avons les études scientifiques depuis au moins quinze ans, le soutien des associations et institutions, dont l’OMS et l’Agence européenne de l’environnement, l’écoute de la société civile, mais l’action politique n’est toujours pas adéquate. » Et ceci que ce soit aux États-Unis ou en Europe. La biologiste américaine Ana Soto a ainsi raconté comment ses recherches sur le bisphénol A n’ont pu aboutir en 1989 aux États-Unis, ni même en 1993, devant le Congrès Américain. Mais si elle pensait que « l’Europe était l’espoir des États-Unis », elle s’est rapidement vue démentie par le député européen Paul Lannoye : « L’Europe copie désormais les États-Unis et personne ne bouge ! J’en veux pour preuve la situation au Japon, nous n’avons pas tiré les leçons d’Hiroshima ! »
Pour Dominique Belpomme, une des réponses concrètes disponible dès aujourd’hui, serait l’application du principe de sécurité à la santé, et non seulement à l’environnement. « Alors, la prévention aurait tout son sens, à la fois d’information, et de limitation de l’incidence des maladies ». Dans cette perspective, il a annoncé la toute prochaine création de l’Institut européen de recherche sur le cancer et l’environnement (ECERI), par l’ARTAC et la Société internationale des docteurs pour l’environnement (ISDE). « La France n’est plus seule à se battre, le nouveau cadre de pensée est européen », a-t-il conclu.
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