Ce n'est pas encore pour aujourd'hui ! Le Comité permanent des plantes, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux de la Commission européenne s'est réuni pour discuter du renouvellement de l'autorisation de commercialisation dans l'Union européenne « sans qu'aucun vote n'ait eu lieu », explique Anca Paduraru, la porte-parole de la Commission pour la santé, la sécurité alimentaire et l'énergie.
Le feuilleton va donc se poursuivre : « La commission va continuer à travailler avec les États membres pour trouver une solution qui remportera l'adhésion la plus large possible », assure Anca Paduraru. La date de la prochaine réunion sera « bientôt communiquée ».
Le comité d'experts devait se prononcer sur la dernière proposition de la commission, concernant un possible renouvellement de l'autorisation de commercialisation du glyphosate, principe actif de l'herbicide Round Up de Monsanto. La Commission avait en effet proposé hier une période de renouvellement comprise entre cinq et sept ans (et non plus 10). Une proposition en partie motivée par l'objection votée le même jour par le Parlement européen. Ce dernier s'est prononcé en faveur d'une disparition progressive du glyphosate dans l'UE d'ici fin à 2022.
Le sujet est sensible : plusieurs pays membres (France, Italie et Autriche) ont publiquement annoncé qu'ils s'opposeraient à un renouvellement pour dix ans. La France a notamment pris position pour une durée réduite et un plan de sortie du glyphosate. La voix de la France est cruciale, car il faut une majorité qualifiée, c’est-à-dire 55 % des États membres représentant 65 % de la population, pour accepter ou rejeter la proposition de la Commission.
Une exposition au glyphosate décuplée en 20 ans
Ailleurs, la controverse scientifique se poursuit. Dans un article publié dans le « JAMA », le Dr Paul Mills et ses collègues de l'université de Californie à San Diego révèlent une multiplication par 10 des taux moyens de glyphosate dans les urines d'un groupe de patients entre 1993 et 2016.
Les auteurs se sont basés sur les résultats des tests de 100 personnes, réalisés entre 1993 et 1996 et entre 2014 et 2016. Les taux moyens de glyphosate sont passés de 0,024 μg/L entre 1993 et 1996 à 0,314 μg/L entre 2014 et 2016. En juillet 2017, l'État de Californie a inscrit le glyphosate sur la liste des cancérogènes probables.
L'avis du CIRC contesté
Le caractère cancérogène du glyphosate fait l'objet d'un intense débat scientifique : qualifié de « probablement pas cancérogène » par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et par le comité d'évaluation de risques de l'agence européenne des produits chimiques (ECHA), il est en revanche jugé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
L'avis du CIRC a été, il y a quelques jours, ébranlé par la divulgation de ses travaux préparatoires par l'agence de presse Reuters. Les journalistes pointent du doigt 10 passages modifiés sans explication entre la version intermédiaire et la version finale du CIRC. Ces différences concernent le chapitre consacré aux expérimentations animales, le seul qui a pu être consulté par les journalistes, suite à sa déclassification dans le cadre des procès intentés aux États-Unis à Monsanto. Des phrases concluant à une absence de preuve se sont transformées en affirmations plus neutres, voire en faveur de l'existence d'un lien entre exposition au glyphosate et risque de cancer.
Le CIRC « rejette ces fausses accusations », dans une réponse publiée hier. « Les modifications faites au document sont le résultat de délibérations du groupe de travail [...] la procédure habituelle veut qu'un document intermédiaire soit préparé avant la rencontre des experts qui a duré 8 jours. » Le CIRC ajoute que la plupart des différences concernent l'analyse d'un article coécrit par des chercheurs de Monsanto. Au cours de leur rencontre, le groupe de travail « a conclu que cet article ne remplissait pas les critères d'indépendance adéquats ».
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