Le suivi à 10 ans (1) de l'étude italienne Mild (Multicentric italian lung detection) vient confirmer le bénéfice sur la mortalité du dépistage d'individus ciblés, précédemment mis en évidence dans l'étude américaine NLST (National lung screening trial). Dans cet essai, le dépistage annuel ou bisannuel par un scanner faible dose est associé à 10 ans à une réduction 40 % de la mortalité par cancer pulmonaire, et une réduction, non significative, de 20 % de la mortalité totale. Cela alors que les résultats intermédiaires de cette même étude Mild étaient négatifs à 5 ans (2). En effet, une large part du bénéfice est ici liée à la prolongation du dépistage au-delà de 5 ans.
Près de 40 000 patients-années
Cette étude randomisée porte sur 4 100 patients répartis en deux groupes, dépistage versus absence d'intervention, le bras dépistage étant lui-même divisé en deux sous-groupes, annuel ou bisannuel.
Ces sujets à risque — 60 % d'hommes — ont 57 ans d'âge médian. Parmi eux, 90 % sont toujours fumeurs, 10 % ont arrêté. Ils sont à 39 paquets-années en valeur médiane.
Le critère primaire est la mortalité par cancer pulmonaire à 10 ans.
Au bout de 10 ans de suivi (l'étude a été commencée en 2005) les données récoltées rassemblent près de 40 000 patients-années.
Des bénéfices sur la mortalité totale et surtout par cancer pulmonaire
À 10 ans, la mortalité totale est de 5,8 % dans le bras intervention versus 6,5 % en absence de dépistage et les décès par cancer du poumon sont à 1,7 % versus 2,5 %. Par rapport au bras contrôle, dans le bras intervention la mortalité par cancer pulmonaire est significativement réduite de 40 % quand la mortalité totale tend à être réduite de 20 % sans atteindre la significativité.
Les données révèlent par ailleurs que le bénéfice est majoré au-delà des 5 premières années. En effet, après exclusion des décès survenus durant les 5 premières années on est à 3,4 % de décès dans le bras intervention versus 4,5 % dans le bras contrôle et à 0,7 % versus 1,5 % de décès par cancer pulmonaire. Le dépistage prolongé est donc associé à une réduction de 32 % de réduction de la mortalité totale et à 58 % de réduction de la mortalité par cancer pulmonaire, réductions ici toutes deux significatives.
Plaidoyer pour un dépistage prolongé
« Dans l'étude américaine NLST versus radiographie standard, un dépistage annuel par scanner basse dose était associé à une réduction de 20 % de la mortalité par cancer pulmonaire dès la deuxième année. Les résultats de l'essai Mild viennent confirmer ce bénéfice. Néanmoins cette mortalité n'était pas modifiée à 5 ans pas plus que dans les études européennes DLCST et Dante. Or aujourd'hui, à 10 ans, cette mortalité par cancer pulmonaire est réduite de 20 %. Pourquoi ? », s'interrogent les auteurs
« Les critères de sélection diffèrent. Les études européennes ont recruté des sujets plus jeunes et à risque de cancer pulmonaire plus faible que l'étude américaine. Et chez ces sujets à plus faible risque, il faut probablement un suivi plus prolongé pour mettre en évidence le bénéfice. Dans ce contexte, les données de Mild montrent qu'une bonne partie du bénéfice est alors liée à la prolongation du dépistage au-delà de la 5e année ».
Cette étude plaide donc pour un dépistage prolongé associé, comme cela était le cas dans cette étude, à un protocole limitant les excès liés à un surdiagnostic ( surveillance des lésions sub-solides ou peu évolutives, diagnostic différentiel par PET…). Protocole qui a permis de limiter à 4,5 % les résections de tumeurs bénignes.
(1) Pastorino U et al. Prolonged lung cancer screening reduced 10-year mortality in the MILD trial: new confirmation of lung cancer screening efficacy . Annals of Oncology 2019, mdz117, https://doi.org/10.1093/annonc/mdz117
(2) Pastorino U et al. Annual or biennial CT screening versus observation in heavy smokers: 5-year results of the MILD trial. Eur J Cancer Prev. 2012;21:308-15.
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