Une énième web appli de santé ? Oui, mais avec validation scientifique, ce qui la rend unique en son genre. Outil de télésurveillance du cancer du poumon, Moovcare permet d’anticiper les rechutes, via le suivi de 12 symptômes (poids, appétit, fatigue, déprime, toux, fièvre, essoufflement, etc.), renseignés en ligne chaque semaine par les patients eux-mêmes.
Nul besoin d’être un expert en informatique pour compléter le questionnaire, à choix unique ou multiple, assorti d’un texte libre. Simple, rapide et dématérialisée, l’opération peut être pilotée à distance par un tiers, proche ou aidant, sur tous supports connectés : ordinateur, tablette ou smartphone. Une fois les données enregistrées sur la plateforme, charge à un filtre (ou algorithme) de les pondérer suivant différents indices et d’alerter le médecin si besoin par e-mail. Ce dernier a en prime accès à la « feuille de route » personnalisée de ses patients.
Meilleure survie
De 2013 à 2016, trois essais cliniques menés sur 300 malades, impliquant cinq établissements français publics et privés, ont démontré l’efficacité de l’application : « Sur les études pilotes, Moovcare détectait 100 % des rechutes, six semaines en moyenne avant les scanners, avec un taux de spécificité de 89 %. Huit fois sur dix, les patients sont en bon état général, ce qui permet d’optimiser leur traitement et d’obtenir une meilleure survie à un an (75 %) », relève son principal artisan, le Dr Fabrice Denis, oncologue, cogérant de l'institut de cancérologie Jean-Bernard (Le Mans) et chercheur associé au CNRS.
Fort d’un double parcours scientifique et médical, ce geek assumé a mutualisé ses connaissances pour répondre à la question suivante : « Pourquoi l’évolution d’un cancer chez un individu est-elle imprévisible ? » La théorie du chaos et le modèle « proie-prédateur » orientent ses recherches, conduites avec le physicien Christophe Letellier. À la clef : « L’idée d’observer le patient plutôt que la tumeur pour connaître l’évolution de la maladie. » Et ce, sans attendre le prochain rendez-vous ou scanner.
Efficience budgétaire
Du côté des médecins, l'appli n'entraîne pas de surcharge de travail. « Chaque semaine, Moovcare requiert 15 minutes de suivi pour 60 patients », estime Fabrice Denis. Et de souligner « son efficience budgétaire avérée, avec deux fois moins d’examens par an et par patient. » Le lancement commercial, assuré par la start-up Sivan Innovation, est attendu début 2017, avec un remboursement espéré dans la foulée. Également en projet : l’ouverture d’études randomisées pour une déclinaison de l’application à d’autres cancers et maladies chroniques (du type polyarthrites), avec des algorithmes spécifiques.
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