Cancer du sein HER2-positif

Bénéfice de la triple association docetaxel+carboplatine+trastuzumab

Publié le 12/12/2013
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Crédit photo : S Toubon

DE NOTRE CORRESPONDANTE

L’ESSAI INTERNATIONAL BETH montre qu’un traitement post-chirurgical optimal pour le cancer du sein Her2-positif localisé est une chimiothérapie par docetaxel et carboplatine (TC) combinée à la thérapie ciblée par trastuzumab (Herceptin), selon les résultats présentés au Symposium sur le cancer du Sein de San Antonio.

Cette thérapie TCH est aussi efficace que la thérapie basée sur l’anthracycline et le trastuzumab, et présente un meilleur profil de sécurité.

L’essai est négatif pour l’ajout du bévacizumab (Avastin); cette thérapie ciblant le VEGF (vascular endothelial growth factor) n’améliore pas l’excellent taux de survie sans maladie procuré par la thérapie adjuvante TCH (92 % de survie sans maladie après un suivi moyen de 3 ans et 2 mois).

« Les anthracyclines, telles que la doxorubicine (Adriamycine) et l’epirubicine, ont dominé le traitement du cancer du sein pendant des décennies, en raison d’un avantage supplémentaire de 3 a 5% dans la survie sans maladie et la survie globale montré dans des méta-analyses qui considéraient le cancer du sein comme une seule maladie », explique le Pr Dennis Slamon (Université de Californie, Los Angeles), principal investigateur de l’essai BETH.

La fin des anthracyclines

Ce cancérologue est renommé pour avoir identifié l’oncogène HER2 (human epidermal growth factor receptor 2) amplifié dans 25 % des cancers du sein et pour avoir développé le trastuzumab (herceptin), la thérapie ciblée anti-HER2 qui a transformé le pronostic de cette forme agressive.

« Il s’est avéré que les anthracyclines étaient particulièrement efficaces dans le traitement du cancer du sein HER2-positif une fois que l’on a analysé le sous-type moléculaire des cancers du sein, améliorant leur évolution de manière spectaculaire, alors qu’elles n’apportaient pas ou peu de bénéfices pour les autres sous-types qui représentent 75 à 80% des cancers du sein. Malheureusement, les effets secondaires à long-terme des anthracyclines comprennent l’insuffisance cardiaque congestive et la leucémie. Nous avons montré précédemment, ainsi que d’autres groupes, que l’ajout du trastuzumab à une thérapie basée sur l’anthracycline augmente cette toxicité cardiaque par 3 à 5 fois », poursuit le Pr Slamon.

Une meilleure tolérance.

« Nos résultats nouveaux, dépassant nos attentes, montrent qu’il n’est vraiment pas nécessaire d’inclure une anthracycline dans le traitement pour obtenir des résultats optimaux pour les patientes ayant un cancer du sein HER2-positif, même avec une tumeur de grande taille ou un envahissement ganglionnaire. L’importance des résultats réside dans le fait que la combinaison TCH (docetaxel, carboplatine et trastuzumab) a un bien meilleur profil de sécurité que les combinaisons d’anthracyline et de trastuzumab et se révèle maintenant aussi efficace ».

« En outre, les résultats de l’essai sont négatifs pour l’intérêt d’ajouter le bévacizumab au traitement adjuvant du cancer du sein HER2-positif. Il ne semble pas améliorer l’évolution. Mais ceci pourrait être du au fait que 92% des patientes dans le bras contrôle du traitement TCH restent sans maladie après un suivi moyen de 38 mois. Cela va être difficile de développer des schémas thérapeutiques qui procurent de meilleures réponses. Il nous faut maintenant nous attacher a améliorer la sécurité des programmes thérapeutiques adjuvants ».

Au total, 3509 patientes avec un cancer du sein HER2-positif localisé (a risque ou avec envahissement ganglionnaire) ont été enrôlées dans l’essai BETH. La majorité (cohorte 1 = 3231) ont été randomisées au TCH ou au TCH avec bevacizumab. Une minorité (cohorte 2 = 278) ont été randomisées a une thérapie a base d’anthracycline (épirubicine) associée au trastuzumab avec ou sans bévacizumab.

San Antonio Breast Cancer Symposium, 11 décembre 2013

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9288