PLUS DE 10 000. C’est le nombre de vies à travers le monde que pourrait sauver, à 5 ans, l’adjonction d’une chimiothérapie adjuvante à la chirurgie dans les cancers du poumon non à petites cellules (CPNPC) opérables. Rapporté à l’échelle du monde, l’enjeu est de taille, même si ce n’est pas encore un remède miracle. Le bénéfice sur la survie à 5 ans serait de 4-5 %, que le traitement chirurgical soit seul ou associé à de la radiothérapie. Ce sont les résultats de deux vastes métaanalyses réalisées par une équipe franco-britannique (le NSCLC Meta-analyses Collaborative Group en anglais) basée à Londres et à l’institut Gustave Roussy de Villejuif. Les cancérologues sous la direction des Drs Jean-Pierre Pignon et Sarah Burdett ont ainsi évalué les bénéfices à associer une chimiothérapie aux traitements classiques des CPNPC opérables, la première métaanalyse concernant la chirurgie seule, la seconde la chirurgie associée à la radiothérapie. Si des différences sont apparues selon le type de chimiothérapie, il n’est pas possible de conclure autre chose de l’analyse qu’un bénéfice global, sans considération sur le protocole optimal.
Protocole et stade à préciser.
Dans la première métaanalyse, l’équipe a inclus 34 essais randomisés comparatifs, totalisant 8 447 sujets (3 323 décès). Le bénéfice à ajouter une chimiothérapie à la chirurgie seule se traduisait par une augmentation de 4 % en chiffres absolus de la survie à 5 ans. Résultat quasi-identique pour la seconde métaanalyse limitée à l’association chirurgie-radiothérapie sur treize essais totalisant 2 660 sujets (1 909 décès). Aucune différence n’est apparue dans les comparaisons par région géographique et par type de chimiothérapie. Si aucun bénéfice tangible n’a été noté pour les drogues les plus anciennes (alcaloïdes, étoposide, protocole à base de platine), l’association de platine et de vinorelbine semble légèrement plus convaincante. Les chimiothérapies à base de tagafur donnent des résultats comparables aux protocoles à base de platine. De la même façon, aucune différence n’est ressortie dans les analyses en sous-groupes définis par l’âge, le sexe, l’histologie, l’indice fonctionnel ou le stade de la maladie.
Place de la radiothérapie.
Les recommandations du Cancer Care Ontario et de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) précisent qu’une chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine est souhaitable dans les stades II et IIIA des cancers non à petites cellules. Tout en soulignant que les données sont insuffisantes pour pouvoir la recommander dans les stades IA. Si le pronostic n’est apparu ici plus mauvais dans ces stades précoces, les preuves sont trop faibles pour se prononcer. De plus, il n’est pas exclu que les bénéfices de la chimiothérapie s’émoussent avec le temps, selon des études antérieures. Les données à plus long terme étaient trop éparses pour en déduire quoi que ce soit. Autre point à préciser, une métaanalyse antérieure avait montré que la radiothérapie postopératoire était délétère, en particulier dans les tumeurs à stade précoce. Les métaanalyses franco-britanniques ne visaient pas à évaluer les effets de cette option thérapeutique. Il serait intéressant à l’avenir d’évaluer les effets de techniques de radiothérapie plus modernes.
The Lancet, DOI:10.1016/S0140-6736(10)60059-1.
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