L'endomicroscopie confocale est un examen d'imagerie qui permet de visualiser in vivo les tissus à l'échelle microscopique. Une étude menée conjointement par le groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon et l'Institut Mutualiste Montsouris vise à étudier la faisabilité de cette technique associée à la télétransmission chez des patients atteints de cancer de la prostate localisé avant prostatectomie. Le but est d'envoyer les images obtenues en temps réel au service d'anatomopathologie.
Trois patients ont été opérés avec succès entre septembre et octobre dans le cadre de cette étude appelée PERSÉE. Le coordinateur de l'étude, le Dr Alexandre Colau, chirurgien urologue du Groupe Hospitalier Diaconesses Croix Saint Simon, nous explique l'intérêt d'une telle démarche.
LE QUOTIDIEN : Quel est l'intérêt de combiner endoscopie confocale et télétransmission ?
Dr COLAU : L'endomicroscopie confocale est une technique déjà utilisée : il s'agit de lasers confocaux qui permettent avec de la fluorescéine d'avoir une véritable image cellulaire, un peu comme si l'on regardait au microscope. La sémiologie cellulaire est toutefois un peu différente entre les images observées par microscopie confocale et par microscopie classique. Nous avons établi des correspondances entre les deux types d'images afin de permettre aux anatomopathologistes de bien comprendre ce qu'ils voient.
Dans l'étude PERSÉE, la nouveauté réside dans la mise en place d'un système de télétransmission : les images sont transmises à l'anatomopathologiste au moment de l'examen afin qu'il puisse les lire en temps réel. La lecture est ainsi de bien meilleure qualité que lorsqu'elle est faite par les urologues eux-mêmes, qui devaient se former à la sémiologie cellulaire, ce qui limitait le recours à cette technique.
Le but est à terme d'améliorer les résultats fonctionnels de la chirurgie prostatique en réduisant les marges chirurgicales - petite quantité de tissu normal situé autour du cancer retiré par précaution - et en préservant les bandelettes neurovasculaires (accolées à la prostate, elles permettent l'érection). Dans cette étude, nous n'allons pas agir sur la stratégie chirurgicale.
Combien de patients seront inclus ? Quel est leur profil ?
Nous prévoyons d'inclure 50 patients dans chaque centre afin de vérifier la faisabilité technique, qui repose sur l'innocuité et le bon fonctionnement du système, et surtout la bonne transmission des images entre le bloc opératoire et la salle d'anatomopathologie.
Trois patients ont déjà été opérés. Ils ont entre 60 et 70 ans. Ils présentaient un cancer de la prostate localisé pour lequel un traitement chirurgical a été proposé. Nous avons exclu les patients ayant été traités au préalable par radiothérapie ou d'autres traitements locaux afin notamment d'avoir une population la plus homogène possible.
Nous espérons recruter les 50 patients dans chaque centre d'ici à l'été pour étudier les objectifs secondaires, tels que les résultats en termes diagnostiques.
Si cette étude est positive, que restera-t-il à démontrer ?
Une fois que nous aurons montré que tout fonctionne correctement, nous espérons pouvoir réaliser une autre étude avec l'autorisation cette fois-ci de modifier la stratégie chirurgicale en fonction de l'examen.
Je pense que c'est une technologie qui a de l'avenir, notamment pour les grosses tumeurs pour lesquelles les préservations des bandelettes sont plus complexes. Ce sont des outils qui devraient nous permettre à terme d'améliorer les résultats sur l'incontinence et la conservation des érections, tout en étant certains de ne pas laisser de marges positives (tumeur résiduelle).
* Cette étude est financée par BPI France et la société Mauna Kea Technologies : #I0911038W dans le cadre du projet PERSEE.
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