DE NOTRE CORRESPONDANT
IL A DÉJÀ été établi que certaines approches thérapeutiques (telle que la chirurgie sélective respectant les filets nerveux) atténuent le retentissement sur la fonction érectile, tandis que d’autres (comme l’hormonothérapie néoadjuvante) affectent les performances sexuelles, mais on a rarement étudié l’impact combiné de critères individuels pré-thérapeutiques et des traitements les plus courants, à savoir la prostatectomie radicale, la radiothérapie externe et la brachythérapie (radiothérapie interne).
Les auteurs ont utilisé le questionnaire « Prostate Cancer Outcomes and Satisfaction With Treatment Quality Assessment » (PROSTQA) pour évaluer les performances sexuelles d’hommes ayant un cancer de la prostate de stades T1 à T2, recrutés dans neuf hôpitaux aux États-Unis. Sur 1 201 hommes, au début de l’étude, 1 027 (86 %) ont répondu au questionnaire au terme de l’évaluation (24 mois). Une dysfonction érectile, à deux ans, était rapportée par 619 des 987 (63 %) patients prostatectomisés, 145/229 (63 %) de ceux ayant reçu une radiothérapie externe et 140/247 (57 %) dans le groupe brachythérapie.
L’existence d’une érection suffisante pour avoir des relations sexuelles est notée par 35 % des patients après prostatectomie. En analyse multivariée, l’âge plus jeune, des taux de PSA (antigène spécifique prostatique) plus bas, un meilleur score des fonctions sexuelles avant traitement et l’utilisation d’une technique respectant les nerfs sont associés à des log-odds plus élevés (soit à une probabilité plus forte) d’érection fonctionnelle (aire sous la courbe [AUC] : 0,77). Les auteurs ont calculé que les chances de connaître des érections pour un homme de 50 ans après prostatectomie s’étalent de 6 % à 61 % en fonction des performances sexuelles avant l’opération, de la technique et des taux de PSA avant traitement.
Après radiothérapie externe, 37 % des patients ont des érections satisfaisantes. Les critères associés à des log-odds plus élevés (AUC : 0,83), en analyse multivariée, sont des PSA plus bas, de meilleures performances sexuelles avant le traitement et l’absence de recours à une hormonothérapie néoadjuvante. Les chances d’érections après cette approche vont de 16 % à 92 %.
Dans le cas d’une brachythérapie, 43 % des patients ont des érections satisfaisantes et les critères associés aux log-odds élevés (AUC : 0,89) sont, là encore, de meilleures performances sexuelles avant traitement, l’âge jeune, mais aussi l’appartenance à l’ethnie afro-américaine et un IMC (indice de masse corporelle) plus bas. Les chances pour qu’un homme de 60 ans ait des érections après brachythérapie sont de 11 % à 98 %.
Ce modèle de prédiction a été validé par référence à une cohorte (community-based Cancer of the Prostate Strategic Urologic Research Endeavour, CaPSURE) de 1 913 patients en ville, ayant subi les mêmes catégories de traitement.
L’étude américaine a aussi recueilli des renseignements sur les solutions adoptées en cas de troubles de l’érection post-thérapeutiques. Une prothèse pénienne a été utilisée par 14 hommes et 53 % des autres patients ont employé des médications ou des appareils de stimulation de l’érection (66 % après prostatectomie, 32 % après radiothérapie externe et 47 % après brachythérapie). Les inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 sont les moyens les plus souvent essayés (60 %), suivis par les appareils à succion (12 %) et les injections péniennes (10 %). Mais les taux de succès les plus élevés sont observés avec ces dernières (74 %) suivis par les inhibiteurs de la phosphodiestérase et les appareils à succion (68 % chacun).
Le PSA.
Le modèle de prédiction proposé par l’équipe de Martin G Sanda, appliqué à une large échelle et testé sur le long terme, est aussi le premier à mettre en évidence une relation entre les taux de PSA et la fonction érectile post-thérapeutique, qui s’explique vraisemblablement par une sévérité plus grande du cancer lorsque les PSA sont plus élevés. En revanche, les comorbidités (tel que le diabète) n’ont pas, dans cette étude, d’impact significatif (en analyse multivariée) sur les performances sexuelles après traitement. On note aussi que ce modèle est plus fiable après les radiothérapies (externe ou interne) que lors d’une prostatectomie.
MG Sanda et coll. Prediction of erectile function following treatment for prostate cancer. JAMA (Journal of American Medical Association, 2011) Publié en ligne.
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