Leur mobilisation a déjà contribué à obtenir l'accès précoce, accordé en 2021, pour deux traitements innovants, Trodelvy et Keytruda. Les femmes atteintes d’un cancer triple négatif, réunies au sein du collectif #MobilisationTriplettes créé il y a un an et devenu en décembre l'association « Triplettes roses », réclament désormais, à l’occasion de la Journée mondiale dédiée ce 3 mars, la création d’une plateforme nationale des essais cliniques pour faciliter encore l’accès aux innovations.
Le cancer du sein triple négatif, particulièrement agressif, se caractérise par l’absence de marqueurs (récepteurs hormonaux ou protéine HER2) à la surface des cellules cancéreuses, susceptibles de répondre à une thérapie ciblée existante. Il affecte 9 000 nouvelles femmes chaque année en France (15 % des femmes atteintes d’un cancer du sein) et « 40 % des patientes concernées ont moins de 40 ans », rappelle au « Quotidien » Claude Coutier, présidente des « Triplettes roses ».
Pas d’amélioration du pronostic au cours des 20 dernières années
Le risque de récidive avec des métastases s’élève à 30 % dans les trois ans avec une médiane de survie de 14 mois. Avec les nouvelles thérapies, comme la vaccinothérapie, l'immunothérapie ou les anticorps conjugués, « l’espoir est d’atteindre une survie jusqu’à 20 mois, ce qui reste malheureusement trop court », poursuit-elle.
Ce mauvais pronostic ne s’est pas amélioré au cours des 20 dernières années et l’accès aux traitements innovants reste complexe. « Si une patiente n’est pas proche d’un grand centre de cancérologie ou accompagnée par un connaisseur des essais cliniques existants, elle a peu de chance d’en intégrer un », témoigne Claude Coutier. La participation à un essai clinique est aussi « souvent perçue comme un espoir de dernière chance » et n’est proposée que tardivement aux patientes.
L’enjeu est ainsi de favoriser le recours aux essais « sans attendre d’être à la énième ligne de traitements », explique-t-elle : « Plus on attend, plus l’état de santé est dégradé et moins la réponse aux traitements sera favorable. »
Une plateforme « unique et exhaustive » pour un accès égal sur le territoire
Pour l’heure, plusieurs initiatives locales recensent les essais, témoignant d’un réel besoin en la matière, mais ces plateformes sont pour la plupart en anglais, et surtout « le point d’entrée n’est pas l’histoire médicale de la patiente », regrette Claude Coutier. Pour lever ces freins, l’association souhaite voir converger ces initiatives au sein d’une plateforme « unique et exhaustive », offrant une égalité d’accès sur l’ensemble du territoire.
« Participer à un essai comporte des risques, même s’ils sont très encadrés, mais c’est aujourd’hui le seul moyen d’accéder à l’innovation pour certaines femmes », plaide la présidente des « Triplettes », dont la proposition a été bien accueillie par le ministère de la Santé. « Le point sensible sera de faire converger l’ensemble des acteurs », estime-t-elle, souhaitant participer au développement d’une plateforme pilote qui pourra être étendue à d’autres pathologies.
L’association souhaite également sensibiliser le grand public à ce cancer. Elle a organisé, ce 3 mars, un premier webinaire sur le thème de l’innovation avec la participation des Drs Barbara Pistilli (Gustave-Roussy) et Olivier Tredan (Centre Léon-Bérard) et a mis en ligne une première brochure d’information.
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