QUAND ON FAIT le tour du monde des trônes, on voit bien vite que si l’acte vital est universel, il y a différentes façons de se soulager. Accroupi, debout, assis, chez soi ou dans un édifice public, en plein air ou dans une maison, avec papier ou avec la main (gauche uniquement) et l’eau, avec ou sans douchette, sèches ou à eau… Les Japonais sont certainement les plus inventifs quant aux modèles de toilettes à bidet, avec jet et même capteur pour analyse automatique de l’urine… Sachant qu’en 2006, 18 % de la population mondiale (soit 1,2 milliard de personnes et 38 % des ruraux) ne disposaient que de toilettes en plein air. Les photos exposées boulevard de la Bastille sont là pour rappeler l’absence d’équipement d’assainissement de l’eau dans bien des points du globe.
En Europe, c’est l’invention de la chasse d’eau par le poète anglais John Harington, à la fin du XVIe siècle, qui va décider, à terme, de la position assise sur les toilettes. Filleul de la reine Élisabeth I, il imagina pour sa marraine, incommodée par les odeurs des lieux d’aisance, un système rudimentaire (une chaudière d’eau sur le toit avec un robinet permettant l’évacuation dans une fosse septique). Améliorée à la fin du XVIIIe siècle (avec le clapet antiretour et le siphon), la chasse d’eau ne se diffusera cependant qu’à la fin du XIXe et en ville, avec l’arrivée de l’eau courante dans les appartements. Les « commodités » de la maison, pots de chambre et chaises percées (apparues au XVIIe siècle), ne disparaîtront que peu à peu. S’asseoir pour déféquer est une attitude moderne.
S’accroupir est plus physiologique.
À partir des années 1960, des médecins commencèrent à suggérer que la position assise n’était pas forcément la meilleure, puisque pendant des millénaires les hommes se sont accroupis dans la nature.
La posture idéale de la défécation est la position accroupie, les cuisses repliées sur l’abdomen, peut-on lire dans le manuel de gastro-entérologie de Bockus (1964). L’effort de poussée est plus vertical. L’angle anorectal est de 90° en position debout, ce qui maintient une pression vers le haut du rectum afin de garder les fèces à l’intérieur. Lorsqu’on s’accroupit, le virage n’est plus à angle droit et s’élargit, rendant plus facile l’évacuation. C’est anatomiquement explicable. Et des études l’ont confirmé**. Il peut s’ensuivre un effet bénéfique sur la prévention des hémorroïdes.
« Du point de vue physiologique, la position accroupie est meilleure, confirme le Dr Patrick Atienza, chef de service de proctologie à l’hôpital des Diaconesses-Croix-Saint-Simon, mais ce n’est pas très tendance. » D’autant que les personnes constipées sont souvent âgées ou obèses et ont des difficultés à se relever. En outre, le ralentissement du transit se traduit par une occupation du siège d’une durée de 15 minutes en moyenne. « Il faut donc trouver un compromis entre le confort et les bonnes conditions d’évacuation. » Ces problèmes sont souvent évoqués dans les congrès spécialisés sans que les équipements proposés en France ne se modifient. Tandis que fleurissent sur le Web, des offres de plateforme à installer autour des toilettes (la Nature’s Platform) ou de toilettes multipositions découvertes sur un site singapourien (www.pinz.com.sg/wc/). Pour le Dr Atienza, les toilettes françaises ont un autre défaut : celui de présenter un contenu mystérieux, au lieu de contribuer au dépistage des maladies (voir encadré).
* Jusqu’au 12 octobre. Exposition de photographies en plein air, boulevard de la Bastille, Paris 12e. Métro Bastille, sortie Jardin de l’Arsenal
** Dov Sikirov, Digestive Diseases and Sciences, 2003 et LUTS, revue officielle de trois sociétés savantes du Japon, de Corée et de Taiwan.
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