Une thérapie ciblée se révèle encourageante dans les cancers bronchiques mutés MET, un cancer de mauvais pronostic. C'est la conclusion de l'étude Vision publiée dans « Jama Oncology » et présentée simultanément au congrès de la Société américaine d'oncologie médicale (Asco) le 4 juin par le Pr Julien Mazières, pneumo-oncologue au CHU de Toulouse et premier auteur.
Les résultats de cette étude non randomisée de phase 2 montrent « une activité clinique robuste et durable du tépotinib, en particulier chez les patients qui n'avaient pas encore reçu de traitement », est-il souligné dans un communiqué du CHU de Toulouse.
Cet essai, mené chez 313 patients de plusieurs pays et atteints de cancer bronchique non à petites cellules avancé, tous avec mutation dans l'exon 14 de MET, est « le plus grand mené au monde sur ce type de cancer bronchique », lit-on.
Le cancer du poumon non à petites cellules représente 85 à 90 % de l'ensemble des cancers du poumon. Environ 4 à 5 % des personnes atteintes de ce type de cancer sont porteurs d'une mutation spécifique acquise, appelée mutation activatrice dans le gène MET, plus précisément dans l'exon 14. Lorsque le cancer est à un stade avancé, les cellules tumorales produisent une version anormale de MET, entraînant une multiplication et une croissance cellulaire incontrôlée.
Le tépotinib, qui cible la protéine MET, est en cours de développement. En bloquant la protéine, le tépotinib a vocation à ralentir la croissance tumorale et à freiner la progression de la maladie.
Un taux de réponse objective inégalé
L'essai a été proposé de septembre 2016 à mai 2021 à des patients n'ayant pas encore reçu de traitement ou à des patients en échec thérapeutique. Des patients ont reçu 500 mg de tépotinib une fois par jour pendant 35 mois (cohorte initiale, dite A) et d'autres la même dose pendant 18 mois (cohorte C, cohorte indépendante de confirmation).
« Les résultats à long terme de Vision sont largement supérieurs à ce qui est habituellement observé dans le cadre de traitements de chimiothérapie conventionnels, avec un taux de réponse objective de 51,4 % », est-il mis en avant dans le communiqué, la durée de la réponse étant en médiane de 18 mois. La réponse objective était calculée selon les critères Recist 1.1 (réduction de la taille de la tumeur, diminution des métastases, réduction de la charge tumorale détectable dans les analyses d'imagerie médicale ou encore diminution des marqueurs tumoraux dans le sang).
Le taux de réponse objective dans la cohorte C (n = 161) était de 55,9 % pour une durée de réponse médiane de 20,8 mois. Chez les patients naïfs de tout traitement (164 issus de la cohorte A et C), le taux de réponse objective était de 57,3 % pour une durée de réponse médiane de 46,4 mois. Chez les patients traités précédemment (149), les chiffres sont respectivement de 45,0 % et de 12,6 mois. Les œdèmes des membres étaient les effets indésirables les plus fréquents, rapportés chez 210 patients (67,1 %).
Quant aux critères secondaires, « le temps passé sous traitement sans récidive (supérieur à un an), la durée de réponse sous traitement (supérieur à 18 mois), la survie sans progression de la maladie et le peu d'effets secondaires plaident également en faveur du développement de cette thérapie ciblée », est-il ajouté.
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