Post RS : Les « survivants exceptionnels » analysés au peigne fin
En 2023, 16 000 nouveaux cas de cancer du pancréas ont été diagnostiqués en France. Seuls 3 % des patients environ survivent dans les cinq années suivant un diagnostic au stade métastatique. « Plusieurs facteurs expliquent ce mauvais pronostic, souligne le Pr Louis de Mestier, gastroentérologue et oncologue digestif à l’Hôpital Beaujon. Le diagnostic est presque toujours réalisé à un stade trop avancé, car le pancréas est un organe profond, dont l’atteinte tumorale donne des symptômes généralement tardifs. Ensuite, les cellules tumorales qui se développent au sein d’un environnement particulièrement agressif acquièrent des capacités de survie et de résistance également particulières, leur conférant notamment une résistance à la plupart des traitements antitumoraux. Enfin, des micrométastases existent dans presque 100 % des cas, d’où le constat de près de 80 % de récidive après une chirurgie. »
Les oncologues digestifs de l’hôpital Beaujon, premier centre français du cancer du pancréas, ont toutefois enregistré des survies importantes chez certains patients. « Ces situations de survie exceptionnelle font l’objet de l’étude Rosalind, poursuit le Pr Louis de Mestier. Cure51 effectuera le séquençage moléculaire des tumeurs de nos patients longs survivants ainsi que de ceux de dizaines d’autres centres experts. En alliant données cliniques et expertise médicale, nous espérons mieux comprendre les points faibles de ce cancer et améliorer les chances de survie des patients. »
Premières hypothèses
Le Pr Louis de Mestier a déjà pu constater que les patients porteurs de certaines mutations héréditaires ont souvent une évolution moins défavorable. Par exemple, les mutations germinales des gènes BRCA1/2 confèrent une meilleure sensibilité aux chimiothérapies à base de platine, et offrent la perspective de thérapies ciblées spécifiques. « Ces patients présentent une meilleure survie, note-t-il. Notre objectif est d’étudier aussi et surtout ceux qui n’ont pas d’altération génétique prédisposante, et qui répondent néanmoins de manière exceptionnelle aux traitements, sans que nous ne comprenions actuellement pourquoi. »
Les traitements sont d’ailleurs souvent inspirés ou issus d’autres types de cancers car, compte tenu de sa gravité et de l’espérance de vie des personnes touchées, il est difficile de monter des essais cliniques dans le cancer du pancréas. « Les événements intercurrents sont particulièrement nombreux : douleurs, obstruction biliaire, obstruction de l’intestin, dénutrition…, ce qui complexifie l’évaluation méthodologique des médicaments anticancéreux et peut malheureusement décourager l’industrie pharmaceutique, détaille le Pr de Mestier. Nous espérons que le fait d’identifier des cibles tumorales prometteuses, grâce à l’étude des longs survivants, incitera aussi l’industrie à s’investir davantage, car les progrès — ou leur absence — dans cette maladie relèvent aussi de leur responsabilité. »
Nous espérons que le fait d’identifier des cibles tumorales incitera l’industrie à s’investir davantage
Pr Louis de Mestier
Première en Europe, cette collaboration scientifique entre Cure51 et la plupart des grands centres européens, dont l’AP-HP, sera ainsi particulièrement médiatisée. « Cette étude est porteuse d’un espoir important pour les patients et leurs familles, à qui nous présenterons la démarche et ses conséquences potentielles pour l’ensemble des patients », ajoute le Pr de Mestier.
« Nous croyons fermement que cette collaboration va accélérer notre capacité à développer des innovations thérapeutiques, qui transformeront la manière dont le cancer du pancréas est traité et amélioreront les chances de survie des patients, grâce à l’analyse systématique et multimodale des facteurs qui font que certains patients survivent à ce cancer, quasiment incurable quand il est diagnostiqué tardivement », concluent Nicolas Wolikow et Simon Istolainen, cofondateurs de Cure51.
À terme, l’objectif consistera également à étendre cette collaboration à d’autres cancers réfractaires aux traitements, dont le glioblastome et le cancer bronchique à petites cellules.
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