Dépistage du cancer du sein : Marisol Touraine annonce une « rénovation profonde »

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Publié le 04/10/2016

Crédit photo : Phanie

À l'occasion d'Octobre rose, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé une rénovation profonde du programme de dépistage organisé du cancer du sein. Elle a ainsi chargé l'Institut national du cancer (INCa) et la Direction générale de la santé (DGS) d'élaborer un plan d'action cohérent assorti d'un volet d'évaluation et de recherche, « dont elle présentera le contenu d'ici à la fin de l'année ».

Parcours personnalisé

La ministre de la Santé prend ainsi acte des travaux du comité d'orientation de la concertation citoyenne et scientifique, lancée en octobre 2015. Deux scénarios s'en sont dégagés, dont le premier, s'il témoigne des controverses, a été d'emblée disqualifié : le renoncement à un programme de dépistage organisé au profit d'une approche plus individualisée, dans laquelle la pertinence d'une mammographie est évaluée dans le cadre d'une relation médicale individualisée. Une piste « très risquée, génératrice d'iniquités et de pertes de chance », estime le Pr Norbert Ifrah, président de l'INCa.

« L'abandon du programme de dépistage au prétexte que ses outils sont perfectibles, serait un non-sens », écrit-il le 16 septembre à Marisol Touraine, en réaffirmant la pertinence d'un programme de dépistage eu égard à la morbidité et mortalité du cancer du sein.

La seconde voie consiste à déployer un nouveau programme, qui rénove le programme actuel en en limitant les effets délétères (sur-diagnostic et sur-traitement).

Médecin traitant en première ligne

Cette rénovation devrait s'inscrire « dans une logique plus individualisée du parcours de santé, prenant appui sur le médecin généraliste », indique le Pr Ifrah, appelant à ne pas limiter l'approche personnalisée aux femmes au risque élevé de cancer du sein. Le rôle du médecin traitant sera d'identifier le niveau de risque de cancer du sein, de conseiller et d'accompagner les femmes dans leur décision de se faire dépister et de délivrer des messages clairs sur la prévention.

L'information des femmes devra aussi être améliorée pour les rendre actrices de leur santé, une recommandation également reprise à son compte par la ministre de la Santé.

Le président de l'INCa a aussi soumis d'autres propositions : l'alignement de la qualité du dépistage individuel sur celle du dépistage organisé, avec la systématisation de la deuxième lecture des mammographies en cas de dépistage négatif, la prise en charge à 100 % des actes de dépistage complémentaires à la mammographie, principalement l'échographie, pour toutes les femmes et non seulement celles à risques aggravées, comme actée depuis le 2 septembre, et enfin un encouragement à la recherche sur les marqueurs d'évolutivité et d'agressivité des cancers du sein, pour mieux maîtriser le sur-traitement.

Si la ministre n'a pour lors, pas repris à son compte ces propositions, elle salue la mobilisation de tous contre le cancer du sein, à l'origine de 12 000 décès par an et insiste sur l'importance du dépistage précoce, qui permettrait de guérir 9 cas sur 10. Et de mettre en avant la prise en charge à 100 % des examens de dépistage supplémentaires pour les femmes particulièrement exposées – mammographie annuelle et, le cas échéant, échographie, mais pas l'IRM –, une annonce clef de l'édition 2015 d'Octobre rose, prévue pour le printemps 2016 et finalement entrée en vigueur ce 2 septembre.

Un taux de couverture de 70 %

Selon un nouveau bilan présenté par Santé publique France, le programme de dépistage organisé du cancer du sein a permis de détecter 37 000 cas entre 2013 et 2014. Le taux de détection est de 7,4 pour 1 000 femmes dépistées.

La majorité de ces cas sont détectés à un stade précoce : pour 77 %, les ganglions lymphatiques ne sont pas atteints, dans 37 % des cas, la tumeur fait moins d'1 cm, et dans 15 %, il s'agit d'un carcinome canalaire in situ, c'est-à-dire que les cellules cancéreuses ne sont présentes que dans le revêtement des canaux mammaires.

Depuis 2004, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à faire une mammographie tous les deux ans pour détecter une éventuelle tumeur – et tous les ans pour celles qui présentent des risques accrus de développer un cancer du sein.

En 2015, 51,5 % des femmes entrant dans ce cadre ont effectivement réalisé une mammographie, soit un taux de participation inférieur aux critères européens, qui définissent comme « acceptable » un taux de couverture de 70 %.



Source : lequotidiendumedecin.fr