Le cancer de la prostate (CP), retrouvé à l'autopsie chez 80 % des hommes âgés de plus de 70 ans, constitue, à l'état latent ou peu évolutif, une évolution quasi naturelle de la glande prostatique. Ses formes agressives sont responsables de 9 000 décès annuels.
ProtecT, une étude britannique randomisée, a évalué l'impact sur la survie à 10 ans de 3 « techniques » (surveillance active, chirurgie, radiothérapie) dans le CP localisé dépisté par dosage de PSA et biopsie (Donovan JL, et coll. N Engl J Med 2016 ;375:1425–1437).
L'ampleur de l'étude ProtecT est inédite : 228 966 hommes de 50 à 69 ans étaient invités à consulter. Au total 1 643 hommes volontaires, atteints d'un cancer de la prostate localisé ont été inclus, randomisés en surveillance active (n = 545), prostatectomie (n = 533) ou radiothérapie (n = 545) et suivis pendant 10 ans.
Sur la survie à 10 ans, critère principal de l'étude, il n'y a pas eu de différence statistiquement significative entre les 3 techniques (p = 0,48). La mortalité spécifique a été faible. L'étude a confirmé l'impact négatif de la chirurgie et de la radiothérapie sur la qualité de vie. La surveillance active est cependant associée à des taux statistiquement plus élevés de métastases et de progression de la maladie que la chirurgie et la radiothérapie. Pour apprécier pleinement les bénéfices/risques à long terme des différentes stratégies, les auteurs eux-mêmes souhaitent poursuivre le suivi 5 à 10 ans encore.
Surdiagnostics et surtraitements
Le dépistage systématique du PSA sans facteur de risque initial entraîne surdiagnostics et surtraitements. Il est extrêmement difficile de savoir quel cancer risque d'évoluer sur le plan local et/ou métastatique, et justifie d'accepter les effets secondaires de la chirurgie ou de la radiothérapie. Le défi actuel consiste donc à trouver des marqueurs et/ou facteurs de risque de CP agressifs pertinents pour proposer un dépistage personnalisé par le PSA et/ou un traitement effectif.
Les facteurs de risque connus les plus importants sont l'âge, les antécédents au 1er degré de cancer de la prostate avant 70 ans, l'ethnie afro-américaine. Les loci des chromosomes 8q et 17p, les mutations de BRCA1 (surtout de BRCA2, de pronostic défavorable) et l'exposition aux androgènes, comme l'alopécie androgénétique ou la longueur de l'index (Rahman AA, et coll. Br J Cancer 2011 ;104:175–177) ont été suggérés.
La surveillance active améliore la qualité de vie
Une étude présentée par la Fondation de recherche contre le cancer de la prostate de Rotterdam lors du congrès de l'Association européenne d'urologie à Munich apporte des arguments en faveur de la surveillance active chez les patients atteints d'un cancer de la prostate de bas grade (Venderbos LDF, et coll. Eur Urol (Suppl) 2016 ;15:e949). La qualité de vie a été évaluée au moyen de questionnaires chez 427 patients. Les résultats montrent que les patients ont alors une meilleure qualité de vie que ceux qui ont été opérés. Ils ont de meilleures capacités urinaires et sexuelles et se déclarent davantage satisfaits de leur potentiel sexuel que les patients sous radiothérapie.
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