EN 2010, AVEC 52 588 nouveaux cas estimés en France, le cancer du sein reste le cancer le plus fréquent chez la femme. Il représente 18,5 % des décès par cancers féminins, soit 11 289 pour cette année. Actuellement, 53 % des Françaises âgées de 50 à 74 ans participent au programme national généralisé de dépistage, instauré en 2004 (2). Mais, depuis 2008, la progression est quasi-nulle. Si le taux de participation culmine à 70 % en Haute-Vienne, il tombe à 28,2 % à Paris.
Les femmes récalcitrantes ne sont pas toujours sensibilisées à l’importance de la précocité du dépistage, alors que la survie des patientes à 5 ans dépasse dans ce cas 90 %. Comme le martèle Roselyne Bachelot, « les Françaises ne se font pas assez dépistées ». Alors, pour convaincre les sceptiques et soutenir l’argumentation des médecins, la campagne médiatique (affichage, radio, Internet) qui vient d’être lancée agit sur les freins. Elle s’adresse particulièrement aux Africaines et aux Maghrébines, les femmes migrantes de la première génération, via Radio Orient ou Beur FM.
°Une démonstration rationnelle
« J’ai peur du résultat », « Je ne ressens pas les symptômes », « J’habite trop loin d’un cabinet de radiologie » : voici 3 freins exprimés par des femmes réticentes au dépistage, parmi les 14 répertoriés (3). Afin de les contrer, on peut répondre pour le premier : « Ne pas penser au cancer du sein ne permet pas de l’éviter. Dans la plupart des cas, aucune anomalie n’est détectée et l’on se sent rassurée. » Pour le deuxième : « Vous vous sentez en pleine forme, mais attention, au début, un cancer peut passer inaperçu. La mammographie est le seul moyen de détecter des cancers à des stades précoces. ». Pour le troisième : « Les cabinets de radiologie sont effectivement souvent en centre-ville. Certains organismes proposent des transports gratuits permettant de se rendre dans les centres de radiologie. N’hésitez pas à vous renseigner en appelant cancer info au 0810 810 821. » Ces 14 freins/arguments sont diffusés via www.e-cancer.fr, 4 spots radio et des fiches à la disposition des acteurs de terrain.
° Mobiliser les proches
Avec un argument simple, « Vous aussi, mobilisez les femmes que vous aimez », les proches, et particulièrement les filles des femmes de 50 à 74 ans, sont invités à les convaincre de se faire dépister. Le message vient d’être diffusé par affichage urbain. La campagne de mobilisation sur Internet qui offre la possibilité d’envoyer à sa mère ou l’une de ses proches un message par SMS ou e-mail totalisait déjà 10 000 envois le 7 octobre. Pour les acteurs de proximité, une affichette humoristique tirée à 100 000 exemplaires présente des seins revendiquant le droit à la mammographie. Autre initiative, parmi d’autres, la diffusion dans les boulangeries de 25 millions de sachets de baguettes aux couleurs du dépistage du cancer du sein pendant le mois d’octobre.
°Faciliter l’implication des professionnels de santé
Bien sûr, si on ajoute le dépistage individuel, on estime à 70 % le taux de femmes réalisant régulièrement des mammographies. Mais, explique le Pr Jacques Lansac, au nom du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), « le dépistage organisé est mieux que le dépistage individuel. Depuis 2004, il a permis de dépister environ 80 000 femmes touchées, dont 5000 grâce au système de double lecture. » Le modèle français a fait ses preuves, avec un taux de survie des Françaises après cancer du sein supérieur à la moyenne européenne. Sous l’impulsion notamment de l’INCa et dans le cadre du programme de dépistage organisé du cancer du sein, l’introduction de la mammographie numérique a été très rapide. Elle est passée de 29 % du parc de machines en 2008 à 64 % en 2009, preuve de la réactivité des professionnels. Les structures en charge de l’organisation des dépistages disposent de diaporamas, en compléments des outils pédagogiques proposés aux médecins. Une batterie d’arguments est à leur disposition. Reste à convaincre les femmes récalcitrantes.
Pour en savoir plus : www.plan-cancer.gouv.fr et www.e-cancer.fr.
(1) Le Régime social des Indépendants (RSI) et la Mutualité sociale agricole (MSA) sont également impliqués dans la mise en place du programme.
(2) Invitées à prendre rendez-vous chez un radiologue agréé, les femmes de 50 à 74 ans bénéficient d’une mammographie et d’un examen clinique des seins pris en charge à 100 %, sans avance de frais, avec une seconde lecture systématique. Lorsqu’une anomalie est décelée, le bilan diagnostic est immédiat. L’examen a lieu tous les 2 ans.
(3) Pour cela, l’INCa s’est appuyée sur deux études réalisées en 2007 et 2008 et a mené sa propre enquête qualitative enavril 2010.
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