Le terme festonné recouvre toutes les lésions néoplasiques colorectales présentant des glandes festonnées prédominantes.
Il inclut les polypes hyperplasiques (principalement du rectosigmoïde), les adénomes festonnés traditionnels (une variété d'adénomes, souvent pédiculés, plutôt rares, ne posant en général pas de problème de détection) et surtout « les lésions festonnés sessiles, catégorie très importante qui représente la seconde classe en fréquence de néoplasie colorectale (9 %), après les adénomes classiques (57 %) », explique le Pr Jean-Christophe Saurin, CHU de Lyon.
Apparence singulière
Ces lésions festonnées sessiles ont une apparence très particulière : ce sont des lésions planes, légèrement jaunâtres, recouvertes de mucus. Elles sont à l'opposé de celle des adénomes classiques, en général pédiculés, en forme de cerise, donc très faciles à identifier. Cette apparence les rend difficile à repérer et explique qu'elles aient été longtemps mal appréciées. « L'utilisation d'un colorant de relief comme l'indigo carmin aide beaucoup à les identifier, voire à les traiter en permettant de mieux en déterminer les limites », précise le Pr Saurin. Les lésions festonnées sessiles sont très souvent multiples et localisées au niveau du côlon droit. Elles sont un peu plus souvent diagnostiquées chez les femmes. Le diagnostic régulier de ces nouveaux polypes est sans doute un critère de qualité de l'endoscopie de dépistage. Les études montrent une grande variabilité du « taux de détection de lésions festonnées sessiles » d'un gastro-entérologue à l'autre.
Voie de carcinogenèse singulière
La carcinogenèse « festonnée sessile » est liée à une mutation du gène b-RAF ; Celle des adénomes classiques est liée à une mutation du gène APC. Cette biologie singulière permet de suspecter l'origine de certains cancers d'intervalles. En effet, 30 % des cancers d'intervalle (considérés comme manqués par le dépistage) ont une mutation du gène b-RAF ! Pour le Pr Saurin, « ceci suggère que le fait de ne pas voir, au cours d'une coloscopie, une lésion festonnée sessile peut conduire au développement d'un cancer et que cette situation est proportionnellement plus fréquente que celle consistant à manquer un adénome classique ».
Suivi rapproché
Un travail collaboratif de la spécialité avec la Haute Autorité de santé a conduit à une forme simplifiée de recommandations en 2014. Elle met l'accent sur la nécessité d'un suivi rapproché en cas de diagnostic de lésion festonnée sessile : suivi à 5 ans si la lésion fait moins de 10 mm, suivi à 3 ans si elle est supérieure à 10 mm ou si elle présente une dysplasie. Rappelons que la dysplasie est un stade très précoce d'évolution vers un cancer, et que tous les adénomes du côlon classiques présentent une dysplasie, par définition, au moins de bas grade. « Cette nouvelle forme de polype colorectal peut comme les adénomes évoluer vers un cancer. L'évolution n'est pas forcément plus rapide mais elle est plus sournoise car plus difficile à détecter », souligne le Pr Saurin. Pour les gastro-entérologues, ces lésions nécessitent donc de s'efforcer à améliorer encore la pratique de détection des néoplasies en s'entraînant à identifier des lésions planes, difficiles, de couleur à peine modifiée par rapport à la muqueuse environnante.
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