UNE ÉTUDE FRANÇAISE crée la surprise en montrant que l’imatinib, premier inhibiteur des tyrosine kinases, peut être arrêté chez des patients dont la leucémie myéloïde chronique (LMC) est en rémission moléculaire complète, sans nécessairement entraîner de rechute. Dans le cas contraire, le médicament peut être réintroduit sans apparition de résistance. L’imatinib apparaît donc capable de contrôler la LMC à long terme en offrant davantage qu’une rémission prolongée.
L’étude conduite par le Pr François-Xavier Mahon (19 centres français participants) a réuni près de 100 patients âgés de 18 ans et plus. Tous étaient traités par imatinib depuis au moins trois ans, et en rémission moléculaire complète (RMC), définie comme une rémission persistant plus de deux années consécutives avec absence de transcrits leucémiques bcr-abl en RT-PCR quantitative. La rechute moléculaire, après arrêt du traitement, était signée par un ratio bcr-abl/abl ≥ 105, auquel cas l’imatinib était réintroduit. Il convient de noter que les individus en RMC ne représentent qu’environ 10 % de l’ensemble des patients traités par imatinib. C’est pour cette petite fraction de patients que se pose la question de poursuivre ou non de manière indéfinie l’imatinib.
Le suivi a été d’au moins douze mois chez 69/100 patients. À 1 an, 42 (61 %) ont rechuté (40 avant 6 mois, un à 7 mois, un autre à 19 mois). Tous les patients ayant rechuté ont répondu à la réintroduction de l’imatinib. Parmi eux, 16 ont obtenu une baisse des transcrits bcr-abl, tandis que les 26 autres étaient de nouveau en RMC. En cas de rechute, les patients restent donc répondeurs.
Les auteurs soulignent qu’il est important de prendre en compte la durée de la réponse en RMC si l’on souhaite interrompre l’imatinib. Il apparaît que la majorité des rechutes surviennent rapidement, le plus souvent dans les trois mois, sans aucun doute à partir de cellules leucémiques résiduelles. Au total, cette étude suggère qu’une proportion importante (environ 40 %) de patients ayant une LMC pourraient être à proprement parler guéris par le traitement par l’inhibiteur de tyrosine kinases.
The Lancet Oncology, publication en ligne du 20 octobre 2010.
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