« LA MALADIE produit de l’urgence », affirme Denis Azoulay. Cette urgence, il en a fait l’épreuve le jour même de Tichéa Béav, fête juive qui commémore la destruction du premier Temple il y a 2 587 ans (-586), alors qu’il venait d’enterrer son père et démarrait une chimiothérapie ! C’est ainsi, qu’il est passé « de la fraise à la plume », plaisante ce chirurgien-dentiste qui dit s’être converti à l’écriture pour exorciser une histoire familiale « complexe », où le silence était roi, « ce qui est un comble pour la religion juive qui met la tradition orale au-dessus de tout », estime-t-il aujourd’hui.
Son livre n’est pas complètement autobiographique. Si le réel et l’imaginaire s’y entremêlent, c’est pour mieux s’approprier l’histoire familiale, du pogrom de Constantine, en 1934, auquel son grand-père forgeron aura survécu, à l’année du bac, où le jeune Denis devient « un homme ».
Sous ce titre, « Mal et fils », où le mal en question n’est qu’une métaphore du silence, l’auteur met en exergue les principales étapes d’une sorte de parcours initiatique. Il retrace d’un trait de plume enjoué le déroulement d’une enfance, qui prend racine à Mostaganem en Algérie, traverse la guerre, subit l’immigration et, enfin, s’épanouit par un ancrage à Lyon. Il évoque aussi son destin – anagramme de « Denis » si l’on ajoute un « t », fait observer l’auteur - comme une sorte d’injonction à assimiler le passé pour s’en affranchir, et se forger une identité entre religion et laïcité.
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance : « Enfant, je m’étais fermé à cette religion, à ses pratiques qui m’accablaient », se souvient Denis Azoulay, qui, à cette époque, ne supportait pas de se savoir « différent » de ses amis. Désormais, l’auteur pense avoir compris qu’il ne sert à rien de renier sa propre histoire, « on est qui on naît ! ». Apprendre un métier de la santé s’imposait presque comme une nécessité. Il avait d’ailleurs opté pour la médecine, avant de prendre la direction de dentaire. L’idée d’être soignant s’était inscrite en lui, dès son plus jeune âge : « Sauver des gens, prendre soin d’eux, ça me plairait », écrit l’auteur en faisant parler le jeune Denis, parce que « c’est un bon moyen d’être aimé ». Passé de l’autre côté de la barrière et convaincu que la maladie est vecteur de changement, il milite désormais à la Ligue contre le cancer du Rhône, et participe bénévolement à plusieurs commissions d’usagers. Une partie des droits d’auteurs de son ouvrage, sera d’ailleurs reversée à la Ligue.
* Éditions Persée, 2010, 20 euros.
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