Dans le cadre d’un dispositif de micro-RNM

Diagnostic de cancer avec un smartphone au chevet du patient

Publié le 25/02/2011
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Crédit photo : C. MIN, H. LEE, R. WEISSLEDER

DE NOTRE CORRESPONDANTE

LES CELLULES tumorales obtenues chez les patients par biopsie percutanée d’une lésion suspecte (sous guidage stéréotaxique ou échographique) constituent, on le sait, une source précieuse pour diagnostiquer le cancer. Toutefois, les méthodes d’analyse conventionnelles par immunohistochimie sont coûteuses et limitées : elles nécessitent une grande quantité de cellules ou de fragments tissulaires, ce qui restreint le nombre de marqueurs pouvant être analysés dans un prélèvement ; elles posent des difficultés techniques (5 à 25 % des biopsies sont illisibles ou donnent de faux-négatifs) et exigent un délai de plusieurs jours pour obtenir les résultats.

Une équipe de Harvard (États-Unis) a maintenant développé une technologie de pointe pour quantifier rapidement, au chevet du patient, l’expression de plusieurs marqueurs dans les cellules cancéreuses obtenues par ponction à l’aiguille fine d’une tumeur suspecte.

Il s’agit d’un petit dispositif de micro résonance magnétique nucléaire (micro-RMN) qui utilise des nanoparticules magnétiques pour détecter les marqueurs associés au cancer ; ce dispositif portable est contrôlé par un smartphone qui affiche les résultats en moins d’une heure.

Haun, Castro et coll. ont évalué ce dispositif (DMR-3) dans une étude pilote chez 50 patientes qui devaient subir une biopsie standard (aiguille de 17G) pour une tumeur intra-abdominale suspecte. Au terme de l’exploration et du suivi, 44 des tumeurs se sont révélées malignes et 6 étaient bénignes ; ces tumeurs étaient de diverses origines : gastro-intestinale pour 30 %, pancréatique pour 16 %, pulmonaire pour 18 %, entre autres.

Ponction à l’aiguille fine

Avant la biopsie standard, les chercheurs ont effectué une ou deux ponctions tumorales à l’aiguille fine (22G) afin d’analyser, par micro-RMN, 11 marqueurs.

Les chercheurs montrent que les prélèvements par aspiration contiennent suffisamment de cellules pour quantifier en temps réel de nombreux marqueurs moléculaires.

De plus, une signature de 4 protéines (MUC-1, HER2, EGFR, EpCAM) permet d’établir un diagnostic correct de cancer chez 48 des 50 patients dans la cohorte initiale, et chez l’ensemble des 20 patients d’une cohorte indépendante de validation. Cela donne des taux d’exactitude de 96 % et 100 %, comparés au taux de 84 % avec l’analyse standard par immunohistochimie.

Un certain nombre d’observations inattendues émergent de l’analyse. Les profils d’expression protéique déclinent rapidement avec le temps (diminution de 100 % en 1 heure, et de 400 % en 3 heures), ce qui souligne l’avantage d’analyser rapidement les échantillons à proximité du patient. L’expression protéique montre un surprenant degré d’hétérogénéité à la fois entre les échantillons des différents patients, ainsi qu’au sein d’une même tumeur ; ceci a d’importantes implications pour le diagnostic moléculaire du cancer et la thérapie ciblée.

De nombreuses implications cliniques.

Cette nouvelle technologie, qui pourrait être versatile selon les chercheurs, pourrait donc améliorer le diagnostic du cancer. De plus, cette procédure peu invasive ouvre la voie à la réalisation de prélèvements tumoraux répétés au cours du temps, afin d’évaluer la réponse tumorale au traitement médicamenteux (pharmacodynamique).

Science Translational Medicine, 23 février 2011, Haun et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 1002